Aller au contenu

Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 61 —

tèrent leurs bateaux. Ils possédaient de grandes et excellentes embarcations. Ils équipèrent trois vastes navires marchands, placèrent sur chacun d’eux trente hommes qui avaient l’expérience des voyages et, de plus, embarquèrent femmes et enfants. Ils prirent tous les biens mobiliers qu’il leur fut possible d’emporter. Quant à leurs terres, personne n’osa les acheter à cause de la tyrannie du roi. Lorsqu’ils furent prêts, ils mirent à la voile, se dirigeant vers les îles que l’on appelle Solundar. Ces îles sont nombreuses et vastes et tellement entrecoupées de baies que, au dire de certains, peu de gens en connaissent tous les endroits de débarquement.

26.

Mission de Hallvard et de Sigtrygg à Tunsberg.

Il y avait un homme du nom de Gutthorm ; il était fils de Sigurd Hjört et oncle maternel du roi Harald, ainsi que son père nourricier[1] et son conseiller dans le gouvernement du pays, car Harald n’était encore qu’un enfant à l’époque où il arriva au pouvoir. Gutthorm commandait les troupes royales, lorsque Harald soumit le pays à son autorité ; il prit part à toutes les guerres que le roi entreprit lorsqu’il marcha à la conquête de la Norvège. Mais quand Harald fut devenu souverain unique de tout le royaume et qu’il eut mis fin aux hostilités, il donna à son parent Gutthorm Vestrfold, Austragdir, Hringariki et tout le territoire qu’avait possédé Halfan le Noir, son père. Gutthorm eut deux fils et deux filles ; ses fils s’appelaient Sigurd et Ragnar ; ses filles, Ragnhild et Aslaug. Gutthorm devint malade et, se sentant mourir, il envoya des mes-

  1. Rarement, dans les familles riches, l’éducation se faisait dans la maison paternelle. Le plus souvent l’enfant, dès son jeune âge, était placé, pour y être élevé et instruit, dans d’autres familles, quelquefois de rang inférieur, mais qui étaient attachées au père ou à la mère par des liens de parenté ou d’amitié. Entre le père nourricier et la mère nourricière d’une part, et l’enfant adoptif de l’autre, il naissait d’ordinaire des sentiments de solidarité et d’attachement qui duraient toute la vie.