Page:La Sainte Bible, trad. Segond.djvu/856

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travail, c’est là un don de Dieu. 19Car il ne se souviendra pas beaucoup des jours de sa vie, parce que Dieu répand la joie dans son cœur.

Chap. VI. Il est un mal que j’ai vu sous le soleil, et qui est fréquent parmi les hommes. 2Il y a tel homme à qui Dieu a donné des richesses, des biens, et de la gloire, et qui ne manque pour son âme de rien de ce qu’il désire, mais que Dieu ne laisse pas maître d’en jouir, car c’est un étranger qui en jouira. C’est là une vanité et un mal grave. 3Quand un homme aurait cent fils, vivrait un grand nombre d’années, et que les jours de ses années se multiplieraient, si son âme ne s’est point rassasiée de bonheur, et si de plus il n’a point de sépulture, je dis qu’un avorton est plus heureux que lui. 4Car il est venu en vain, il s’en va dans les ténèbres, et son nom reste couvert de ténèbres ; 5il n’a point vu, il n’a point connu le soleil ; il a plus de repos que cet homme. 6Et quand celui-ci vivrait deux fois mille ans, sans jouir du bonheur, tout ne va-t-il pas dans un même lieu ?

7Tout le travail de l’homme est pour sa bouche, et cependant ses désirs ne sont jamais satisfaits. 8Car quel avantage le sage a-t-il sur l’insensé ? quel avantage a le malheureux qui sait se conduire en présence des vivants ? 9Ce que les yeux voient est préférable à l’agitation des désirs : c’est encore là une vanité et la poursuite du vent. 10Ce qui existe a déjà été appelé par son nom ; et l’on sait que celui qui est homme ne peut contester avec un plus fort que lui. 11S’il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup de vanités : quel avantage en revient-il à l’homme ? 12Car qui sait ce qui est bon pour l’homme dans la vie, pendant le nombre des jours de sa vie de vanité, qu’il passe comme une ombre ? Et qui peut dire à l’homme ce qui sera après lui sous le soleil ?

Chap. VII. Une bonne réputation vaut mieux que le bon parfum, et le jour de la mort que le jour de la naissance. 2Mieux vaut aller dans une maison de deuil que d’aller dans une maison de festin ; car c’est là la fin de tout homme, et celui qui vit prend la chose à cœur. 3Mieux vaut le chagrin que le rire ; car avec un visage triste le cœur peut être content. 4Le cœur des sages est dans la maison de deuil, et le cœur des insensés dans la maison de joie. 5Mieux vaut entendre la réprimande du sage que d’entendre le chant des insensés. 6Car comme le bruit des épines sous la chaudière, ainsi est le rire des insensés. C’est encore là une vanité. 7L’oppression rend insensé le sage, et les présents corrompent le cœur.

8Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement ; mieux vaut un esprit patient qu’un esprit hautain. 9Ne te hâte pas en ton esprit de t’irriter, car l’irritation repose dans le sein des insensés. 10Ne dis pas : D’où vient que les jours passés étaient meilleurs que ceux-ci ? Car ce n’est point par sagesse que tu demandes cela. 11La sagesse vaut autant qu’un héritage, et même plus pour ceux qui voient le soleil. 12Car à l’ombre de la sagesse on est abrité comme à l’ombre de l’argent ; mais un avantage de la science, c’est que la sagesse fait vivre ceux qui la possèdent. 13Regarde l’œuvre de Dieu : qui pourra redresser ce qu’il a courbé ? 14Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, réfléchis : Dieu a fait l’un comme l’autre, afin que l’homme ne découvre en rien ce qui sera après lui.

15J’ai vu tout cela pendant les jours de ma vanité. Il y a tel juste qui périt dans sa justice, et il y a tel méchant