QUATRIÈME LAMENTATION.
[IV, 1-22.]
CALAMITÉS DES DERNIERS JOURS DU SIÈGE.
1Comment l’or s’est-il terni,
l’or pur s’est-il altéré,
les pierres sacrées ont-elles été dispersées,
au coin de toutes les rues ?[1]
2Les plus nobles fils de Sion,
estimés au poids de l’or fin,
comment ont-ils été comptés pour des vases de terre,
ouvrage des mains d’un potier ?
3Même les chacals présentent les mamelles,
et allaitent leurs petits ;
la fille de mon peuple est devenue cruelle,[2]
comme les autruches dans le désert.
4La langue du nourrisson s’attache
à son palais, à cause de la soif ;
les petits enfants demandent du pain,
et personne ne leur en donne.
5Ceux qui se nourrissaient de mets délicats
tombent d’inanition dans les rues ;
ceux qu’on portait sur la pourpre
embrassent le fumier.
6Et l’iniquité de la fille de mon peuple a été plus grande
que le péché de Sodome,
qui fut renversée en un instant,
sans que des mains se levassent contre elle.
7Ses princes[3] surpassaient la neige en éclat,
le lait en blancheur ;
leur corps était plus vermeil que le corail,
leur figure était un saphir.
- ↑ IV. Tandis que les trois premières lamentations se composaient de strophes de trois distiques chacune, la quatrième est faite de strophes de deux distiques seulement.
- ↑ 3. Cruelle : les femmes juives, pendant le siège, ne pouvaient plus nourrir leurs enfants.
- ↑ 7. Ses princes (hébr., nazir, couronné, séparé). Les princes et les nobles, et, par suite aussi, les prêtres. — Leur corps, litt os, la partie pour le tout. — Leur figure ; le sens du mot hébreu est douteux et imprécis.