Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1516

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sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. 3Partez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.[1] 4Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers, et ne saluez personne en chemin. 5Dans quelque maison que vous entriez, dites d’abord : Paix à cette maison ! 6Et s’il s’y trouve un enfant de paix[2], votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra à vous. 7Demeurez dans la même maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas d’une maison dans une autre.

8Dans quelque ville que vous entriez, si l’on vous reçoit, mangez ce qu’on vous présentera ; 9guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le royaume de Dieu est proche de vous. 10Mais dans quelque ville que vous entriez, si l’on ne vous reçoit pas, allez sur les places publiques et dites : 11La poussière même de votre ville, qui s’est attachée à nous, nous l’essuyons contre vous ; sachez cependant ceci, c’est que le royaume de Dieu est proche. 12Je vous le dis, il y aura, en ce jour-là, moins de rigueur pour Sodome que pour cette ville.

13Malheur à toi, Corozaïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, l’avaient été dans Tyr et dans Sidon, elles auraient depuis longtemps fait pénitence, assises sous le cilice et la cendre.[3] 14C’est pourquoi, il y aura, au jugement, moins de rigueur pour Tyr et pour Sidon que pour vous. 15Et toi, Capharnaüm, qui t’élèves au ciel, tu seras abaissée jusqu’aux enfers.

16Celui qui vous écoute, m’écoute, et celui qui vous méprise, me méprise ; or celui qui me méprise, méprise Celui qui m’a envoyé.”

17Les soixante-douze revinrent avec joie, disant : “Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en votre nom.” 18Il leur répondit : “Je contemplais Satan tombant du ciel comme la foudre.[4] 19Voilà que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, et toute la puissance de l’ennemi, et elle ne pourra vous nuire en rien. 20Seulement ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.”

21Au même moment[5], il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit-Saint, et il dit : “Je vous bénis, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux petits enfants. Oui, je vous bénis, ô Père, de ce qu’il vous a plu ainsi. 22Toutes choses m’ont été données[6] par mon Père ; et personne ne sait ce qu’est le Fils, si ce n’est le Père, et ce qu’est le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.” 23Et se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : “Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! 24Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.”

3. Jésus en Judée : Le bon Samaritain (x, 25-37). Marthe et Marie (38-42).

25Et voici qu’un docteur de la Loi, s’étant levé, lui dit pour l’éprouver : “Maître, que ferai-je pour posséder la vie éternelle ?”[7] 26Jésus lui dit : “Qu’y a-t-il d’écrit dans la Loi ? Qu’y lis-tu ?” 27Il répondit : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme, de toute tes forces et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.” 28Jésus lui dit : “Tu as bien répondu, fais cela et tu vivras.”

  1. Les douze apôtres correspondent aux douze tribus d’Israël, et les soixante-dix disciples, semblant rappeler les soixante-dix nations énumérées dans la table ethnographique de la Genèse, (chap. x), préfigureraient l’évangélisation de tous les peuples de la terre. Pour le chiffre 72, il proviendrait des deux nombres 12 et 6 usités dans la symbolique sacrée.
  2. 6. Un fils de paix ou de salut (hébraïsme), c’est-à-dire un homme digne de recevoir les biens spirituels que vous apportez.
  3. 13. Matth. ix, 20.
  4. 18. La foudre est le symbole de la rapidité, et tomber du ciel figure la perte de la domination (comp. Isaïe, xiv, 12). Le chap. xii, 7-9 de l’Apocalypse décrit la chute complète que Jésus contemple ici dans son commencement.
  5. 21. Au même moment : cette indication chronologique, qui se lit aussi en S. Matthieu (xi, 25), doit s’entendre du moment où Jésus fit, aux villes de Galilée, les reproches rapportés aux vers. 13 sv. et Matth. xi, 21 sv. Alors, en effet, comme pour consoler le Sauveur de l’incrédulité orgueilleuse de ces villes, le Saint-Esprit lui inspira un sentiment de joie et de reconnaissance pour son Père qui avait accordé abondamment le don de la foi aux cœurs humbles.
  6. 22. Toutes choses m'ont été données, littér. livrées, mises en mains, par mon Père ; ce verset contient, comme en germe, les doctrines théologiques que Jésus a développées devant les docteurs de Jérusalem dans les discours qui remplissent l’évangile de S. Jean. Comp. Jean, v, 17-43 ; vi, 37-47 ; viii, 16-29 ; xiii, 3.
  7. 25. L’épisode de Marthe et de Marie s’est certainement passé à Béthanie (Jean, xi, 1), et comme, dans l’entretien qui le précède, il est question du chemin de Jérusalem à Jéricho, nous pouvons légitimement supposer que cet entretien a eu lieu près de cette dernière ville, la veille de l’arrivée à Béthanie.