Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1566

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Chap. XVIII, 37.
Chap. XIX, 23.
ÉVANGILE SELON S. JEAN.

combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas.” 37Pilate lui dit : “Tu es donc roi ?” Jésus répondit : “Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : quiconque est de la vérité écoute ma voix.” 38Pilate lui dit : “Qu’est-ce que la vérité ?” Ayant dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : “Pour moi, je ne trouve aucun crime en lui. 39Mais c’est la coutume qu’à la fête de Pâque je vous délivre quelqu’un. Voulez-vous que je vous délivre le roi des Juifs ?” 40Alors tous crièrent de nouveau : “Non pas lui, mais Barabbas.” Or, Barabbas était un brigand.


Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller.[1] 2Et les soldats ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d’un manteau de pourpre ; 3puis, s’approchant de lui, ils disaient : “Salut, roi des Juifs !” et ils le souffletaient. 4Pilate sortit encore une fois et dit aux Juifs : “Voici que je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime.” 5Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau d’écarlate ; et Pilate leur dit : “Voici l’homme.” 6Lorsque les Princes des prêtres et les satellites le virent, ils s’écrièrent : “Crucifie-le ! crucifie-le !” Pilate leur dit : “Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; car, pour moi, je ne trouve aucun crime en lui.” 7Les Juifs lui répondirent : “Nous avons une loi, et, d’après notre loi,[2] il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu.” 8Ayant entendu ces paroles, Pilate fut encore plus effrayé. 9Et rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : “D’où es-tu ?” Mais Jésus ne lui fit aucune réponse. 10Pilate lui dit : “C’est à moi que tu ne parles pas ? Ignores-tu que j’ai le pouvoir de te délivrer et le pouvoir de te crucifier ?” 11Jésus répondit : “Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait pas été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché.”

12Dès ce moment,[3] Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient disant : “Si tu le délivres, tu n’es point ami de César ; quiconque se fait roi, se déclare contre César.” 13Pilate, ayant entendu ces paroles, fit conduire Jésus dehors, et il s’assit sur son tribunal, au lieu appelé Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha.[4] 14— C’était la Préparation[5] de la Pâque, et environ la sixième heure. — Pilate dit aux Juifs : “Voici votre roi.” 15Mais ils se mirent à crier : “Qu’il meure ! Qu’il meure ! Crucifie-le.” Pilate leur dit : “Crucifierai-je votre roi ?” les Princes des prêtres répondirent : “Nous n’avons de roi que César.” 16Alors il le leur livra pour être crucifié.[6]

4. Au Calvaire (17-37).

Et ils prirent Jésus et l’emmenèrent. 17Jésus, portant sa croix, arriva hors de la ville au lieu nommé Calvaire, en Hébreu Golgotha ; 18c’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. 19Pilate fit aussi une inscription, et la fit mettre au haut de la croix ; elle portait ces mots : “Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.” 20Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, car le lieu où Jésus avait été crucifié était près de la ville, et l’inscription était en hébreu, en grec et en latin. 21Or, les princes des prêtres des Juifs dirent à Pilate : “Ne mets pas : Le roi des Juifs ; mais que lui-même a dit : Je suis le roi des Juifs.” 22Pilate répondit : “Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.”

23Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une pour chacun d’eux. Ils prirent aussi sa tunique : c’était une
  1. XIX, Matth. xxvii, 24 ; Marc, xv, 15 ; Luc, xxiii, 24.
  2. 7. Notre loi : Lév. xxiv, 15-16 ; Deut. xviii, 20.
  3. 12. Dès ce moment ; le grec pourrait aussi se traduire, pour cette raison.
  4. 13. Le mot grec Lithostrotos signifie terrain pavé de pierres, et Gabbatha, en syro-chaldéen, éminence, mot qui indique la nature de l’emplacement. C’est là que Pilate avait fait dresser son tribunal.
  5. 14. La Préparation c’est le terme par lequel les Évangélistes désignent le vendredi, c’est-à-dire le jour qui précédait le sabbat et pendant lequel on préparait toutes choses, de manière à pouvoir passer le lendemain dans un repos absolu (voy. Matth. xxvii, 62 ; Marc, xv, 42 ; Luc, xxiii, 54). — La Préparation de la Pâque, c’est le jour préparatoire au repas pascal, qui devait avoir lieu après le coucher du soleil, alors que finissait le 14 Nisan, c’est-à-dire, le vendredi soir, la solennité pascale étant cette année le samedi. — Vers la sixième heure, un peu avant midi. Dans un sens large et usuel, les expressions première, troisième heure, etc. signifiaient le temps compris entre deux heures consécutives, par exemple de 6 h. à 9 h., de 9 h. à midi, etc. Voy. Marc, xv, 25. S. Jean en mettant environ nous donne l’heure approximative. S. Marc veut marquer par la troisième heure qu’on était encore dans la seconde partie du jour.
  6. 16. Matth. xxvii, 31 ; Marc, xv, 20 Luc, xxiii, 26.