Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1616

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point comme si elles étaient. 18Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu’il devint le père d’un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit[1] : 19« Telle sera ta postérité. » Et, inébranlable dans sa foi, il ne considéra pas que son corps était déjà éteint, puisqu’il avait près de cent ans, ni que le sein de Sara était épuisé[2]. 20Devant la promesse de Dieu, il n’eut ni hésitation ni défiance ; mais puisant sa force dans la foi, il rendit gloire à Dieu, 21pleinement convaincu qu’il saura accomplir la promesse qu’il a faite. 22Et voilà pourquoi sa foi lui fut imputée à justice.

23Or ce n’est pas pour lui seul qu’il est écrit qu’elle lui fut imputée à justice mais c’est aussi pour nous, 24à qui elle doit être imputée, pour nous qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus-Christ, Notre-Seigneur, 25lequel a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification.



SECTION 2 [V, 1 — VIII, 39.]
Excellence et efficacité de la justice par la foi.
1. Chap. v. — Premier fruit de la justification : la réconciliation avec Dieu et l’assurance du ciel (1-5) Amour de Dieu prouvé par le don qu’il nous a fait de Jésus-Christ (6-11). Parallèle entre Jésus-Christ, auteur de notre salut, et Adam, auteur de notre ruine (12-21).

Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ[3], 2à qui nous devons d’avoir eu accès par la foi à cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes, et de nous glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu[4]. 3Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la constance, 4la constance une vertu éprouvée, et la vertu éprouvée l’espérance. 5Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné.

6Car, lorsque nous étions encore impuissants, le Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. 7C’est à peine si l’on meurt pour un juste, et peut-être quelqu’un saurait-il mourir pour un homme de bien. 8Mais Dieu montre son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, [ou temps marqué] 9Jésus-Christ est mort pour nous. A plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés dans son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. 10Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie[5]. 11Bien plus, nous nous glorifions même en Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation.

12Ainsi donc, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort… Et ainsi la mort a passé dans tous les hommes parce que tous ont péché[6]. 13Car jusqu’à la Loi le péché était dans le monde ; or le péché n’est pas imputé lorsqu’il n’y a point de loi[7]. 14Cependant la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui

  1. Dit. Gen. xv, 5. Le passage étant bien connu de ses lecteurs, S. Paul n’en cite que les derniers mots.
  2. Il ne considéra pas, ou d’après une autre leçon préférée par les meilleurs critiques : il considéra sans trouble. La promesse de Dieu fut l’occasion pour Abraham d’un moment de surprise (Gen. xvii, 17 ; Comp. xv, 5), mais non pas d’hésitation. Aussi Dieu ne le reprit-il pas comme il le fit pour Sara. (Gen. xviii, 10 sv.).
  3. Nous avons. Vulg. ayons.
  4. D’avoir eu. Vulg. d’avoir accès : allusion à l’office de grand prêtre rempli par N.-S. (Hébr. x, 29).
  5. Suit (vers. 12-21) un parallèle entre J.-C. et Adam : de même qu’Adam a été le représentant de l’humanité pour sa perte, ainsi le Christ est le représentant de l’humanité pour son salut, la source inépuisable de la grâce et de la justice.
  6. S. Paul, pressé de prouver ce qu’il vient d’avancer, oublie qu’il a commencé une comparaison et n’achève pas sa phrase ou plutôt il poursuit son raisonnement et il reprend sa phrase et l’achève au vers. 18. Au vers. 12 le second membre de la comparaison amenait ceci : de même par un seul homme, Jésus-Christ, la justice est entrée dans le monde et par la justice la vie. — Le péché personnifié, (è amartia avec l’art.) considéré comme une puissance qui règne et domine dans le monde (vers. 21 ; vi, 12, 14 ; vii, 8, 9, 17), — Parce que tous ont péché, en et avec ce seul homme, Adam, le représentant de l’humanité. Vulgate, en qui (dans ce seul homme) tous ont péché : Elle énonce explicitement ce que le grec ne dit qu’implicitement et indirectement. On pourrait même la ramener au grec, en traduisant in quo dans le sens de in eo quod, quatenus, en fr. sur ce que, parce que.
  7. La mort pour S. Paul est la peine de