ÉPÎTRE CATHOLIQUE
DE S. JACQUES.
ADRESSE (I, 1.)
acques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut.[1]
INSTRUCTIONS PRATIQUES SUR QUELQUES DEVOIRS DE LA VIE CHRÉTIENNE.
I. — LA SOUFFRANCE CHRÉTIENNE.
[I, 2 — 18.]
2Ne voyez qu’un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toute sorte qui tombent sur vous ; 3sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. 4Mais que la patience soit accompagnée d’œuvres parfaites, afin que vous soyez parfaits et accomplis, ne laissant à désirer en rien. 5Si la sagesse fait défaut à quelqu’un d’entre vous, qu’il la demande à Dieu, lequel donne à tous simplement,[2] sans rien reprocher ; et elle lui sera donnée. 6Mais qu’il demande avec foi, sans hésiter ; car celui qui hésite est semblable au flot de la mer, agité et ballotté par le vent. 7Que cet homme-là ne pense donc pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : 8homme à deux âmes, inconstant dans toutes ses voies. 9Que le frère pauvre se glorifie de son élévation. 10Et que le riche mette sa gloire dans son abaissement ; car il passera comme l’herbe fleurie : 11le soleil s’est levé brûlant, et il a desséché l’herbe, et sa fleur est tombée, et toute sa beauté a disparu ; de même aussi le riche se flétrira avec ses entreprises.[3] 12Heureux l’homme qui supportera l’épreuve ! Devenu un homme éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l’aiment. 13Que nul, lorsqu’il est tenté, ne dise : « C’est Dieu qui me tente » ; car Dieu ne saurait être tenté de mal, et lui-même ne tente personne.[4] 14Mais chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l’amorce et l’entraîne. 15Ensuite la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché, et le péché, lorsqu’il est consommé, engendre la mort. 16Ne vous abusez pas, mes frères bien-aimés. 17Tout don excellent, toute grâce parfaite, descend d’en haut, du Père des lumières, en qui n’existe aucune vicissitude, ni ombre de changement.
18De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures.- ↑ I, 1. Serviteur, dans le sens spécial de sa fonction et de sa dignité d’apôtre. — Dieu le Père. D’autres, avec Saint Cyrille d’Alexandrie : Serviteur de J.-C., notre Dieu et Seigneur. Comp Jean, xx, 28 ; II Thess. i, 12. — Aux douze tribus, aux chrétiens sortis du judaïsme et dispersés parmi les nations païennes.
- ↑ 5. Simplement : qui donne pour donner, sans regarder à autre chose (Rom. xii, 8), et par là même donne libéralement (Vulgate).
- ↑ 11. Le soleil brûlant. On peut aussi traduire le gr. σὺν τῷ καύσωνι en même temps que le vent brûlant.
- ↑ 13. Le grec ἀπείραστος, pourrait aussi se traduire, comme a fait la Vulgate, Dieu ne tente pas pour le mal, mais ce sens donne une tautologie choquante.