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Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1746

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Chap. XII, 5.
Chap. XIII, 5.
APOCALYPSE DE S. JEAN.

Puis le dragon se dressa devant la femme qui allait enfanter afin de dévorer son enfant, dès qu’elle l’aurait mis au monde. 5Or, elle donna le jour à un enfant mâle, qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fût enlevé auprès de Dieu et auprès de son trône, 6et la femme s’enfuit au désert, où Dieu lui avait préparé une retraite, afin qu’elle y fût nourrie pendant mille deux cent soixante jours. 7Et il y eut un combat dans le ciel : Michel[1] et ses anges combattaient contre le dragon ; et le dragon et ses anges combattaient ; 8mais ils ne purent vaincre, et leur place même ne se trouva plus dans le ciel. 9Et il fût précipité, le grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé le diable et Satan, le séducteur de toute la terre, il fût précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. 10Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : « Maintenant le salut, la puissance et l’empire sont à notre Dieu, et l’autorité à son Christ ; car il a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les accuse jour et nuit devant notre Dieu. 11Eux aussi l’ont vaincu par le sang de l’Agneau et par la parole à laquelle ils ont rendu témoignage, et ils ont méprisé leur vie jusqu’à mourir. 12C’est pourquoi, réjouissez-vous, cieux, et vous qui y demeurez ! Malheur à la terre et à la mer ! car le diable est descendu vers vous, avec une grande fureur, sachant qu’il ne lui reste que peu de temps. » 13Quand le dragon se vit précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait mis au monde l’enfant mâle. 14Et les deux ailes du grand aigle[2] furent données à la femme pour s’envoler au désert, en sa retraite, où elle est nourrie un temps, des temps et la moitié d’un temps, hors de la présence du serpent. 15Alors le serpent lança de sa gueule, après la femme, de l’eau comme un fleuve,[3] afin de la faire entraîner par le fleuve. 16Mais la terre vint au secours de la femme ; elle ouvrit son sein et engloutit le fleuve que le dragon avait jeté de sa gueule. 17Et le dragon fût rempli de fureur contre la femme, et il alla faire la guerre au reste de ses enfants, à ceux qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le commandement de Jésus. 18Et il s’arrêta sur le sable de la mer.[4]

2e Signe. — La Bête de la mer (xiii, 1-10). 1o Description de la bête instrument du dragon ; elle guérit de sa blessure et se fait acclamer par toute la terre (1-4). — 2o Ennemie de Dieu et de ses Saints, elle domine sur tous les peuples (5-8). Avis pour le temps de sa domination (9-10).

Puis je vis monter de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème.[5] 2La bête que je vis ressemblait à un léopard ; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, son trône et une grande autorité.[6] 3Une de ses têtes paraissait blessée à mort ; mais sa plaie mortelle fût guérie, et toute la terre, saisie d’admiration, suivit la bête,

4et l’on adora le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête, et l’on adora la bête, en disant : « Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? »
  1. 7. Michel, en hébreu, Mi-cha-êl, qui (est) comme Dieu ? nom d’un des principaux anges, probablement d’un des sept qui se tiennent devant le trône de Dieu (i, 4, note ; il est nommé archange par S. Jude ( 9) et, par Daniel, l’un des principaux chefs (x, 13), spécialement chargé des intérêts du peuple d’Israël (x, 21 ; xii, 1).
  2. 14. Les ailes du grand aigle : symbole de la protection divine.
  3. 15. Un fleuve : peut-être un flot de nations barbares ; comp. Apoc. xvii, 15 ; Is. viii, 7 ; ou simplement les eaux de la tribulation (Ps. lxix (68), 2 sv.).
  4. 18. D’après une autre leçon, et je me tins etc. : le lieu de la vision aurait changé, et Jean se trouverait en extase au bord de la mer, pour assister à l’apparition de la Bête.
  5. XIII, 1. Puis je vis : cette formule distingue les sept différents signes. S. Jean ne l’a pas employée pour signaler l’apparition du dragon, bien qu’il l’appelle un autre signe xii, 3), parce que les deux personnages de la première vision ne forment, en réalité, qu’un seul tableau symbolique. — Les quatre bêtes de Daniel représentant chacune un empire (vii, 17, 23), celle de l’Apocalypse, qui réunit en elle les traits de toutes les autres (v, 2), doit nécessairement représenter l’ensemble de ces empires et être le symbole de la puissance politique, de la force matérielle des États, mise au service du dragon, pour opprimer les serviteurs de Dieu.
    Elle monte de la mer, comme les 4 bêtes de Daniel (vii, 1) parce que les empires surgissent ordinairement des guerres et des troubles qui agitent les peuples.
  6. 2. Léopard, ours, lion : ce sont les trois premières bêtes de la vision de Daniel (vii, 4-7). La bête de l’Apocalypse rappelle la quatrième, par ses dix cornes sur la septième tête, tout en réunissant les traits des trois autres, savoir, du lion de Babylone, de l’ours des Médo-Perses, du léopard de Macédoine.