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Dictionnaire du Nouveau Testament


qu’on rendait alors à Dieu des actions de grâces pour la cène pascale que l’on venait de faire. Après avoir récité la seconde partie du Hallel, les Ps. cxv-cxviii, on vidait la quatrième coupe, quelquefois une cinquième, mais rien de plus.

Si, maintenant, nous combinons avec les usages des Juifs dans la manducation de l’agneau pascal les diverses données de l’Evangile, nous arriverons aux résultats suivants, dont la plupart nous paraissent certains, et les autres très probables :

1.  L’hypothèse d’un repas commun qui aurait suivi la cène pascale doit être écartée comme contraire à la coutume juive aussi bien qu’au récit évangélique. Non seulement l’Evangile n’en laisse pas apercevoir la moindre trace, mais il semble même l’exclure positivement, lorsqu’il dit que Jésus et les Apôtres sortirent du cénacle après le chant de l’hymne, c’est-à-dire de la seconde partie du Hallel.

2.  Le lavement des pieds eut lieu au commencement du festin pascal, soit dès l’entrée dans le cénacle, soit plutôt après la bénédiction de la première coupe, au moment où se faisait l’ablution des mains, et avant que la table chargée de mets fût apportée ou approchée des convives. Cependant quelques interprètes, s’appuyant sur les mots cena facta de la Vulgate (Jean, xiii, 2),ont placé le lavement des pieds après l’achèvement de la Cène. Mais, à tort, selon nous. En effet, la meilleure leçon des manuscrits grecs a δείπνου γινομένου, durant le repas, pendant que se faisait la cène pascale, et non γενομένου, après le repas. S. Jérôme lisait peut-être cette seconde leçon, beaucoup moins autorisée que la première. D’ailleurs le terme facta dont il s’est servi ne signifie pas qu’une chose est achevée, mais qu’elle s’est réalisée et que peut-être elle dure encore.

3.  A quel moment précis du festin pascal faut-il placer l’institution de la Sainte Eucharistie? Il est difficile de répondre avec certitude. Nous croyons que la consécration du pain et celle du vin doivent être placées vers la fin du repas proprement dit. En effet S. Matthieu (xxvi, 26) et S. Marc (xiv, 22) rapportent que les deux consécrations curent lieu ἐσθιόντων αὐτῶν, manducantibus illis, pendant qu'ils soupaiènt, qu’ils étaient à table, ce qui s’applique même à la fin du repas, et aux dernières coupes de vin, par lesquelles il s’achevait régulièrement. Et S. Luc dit explicitement que la consécration du calice eut lieu, μετὰ τὸ δειπνῆσαι, postquam cenavit, c.-à-d. après le repas proprement dit, avant la récitation de la seconde partie du Hallel. — Mais, objectera-t-on, ne faut-il pas admettre un certain intervalle entre les deux consécrations? Car, après avoir raconté simplement la première, S. Luc ajoute (xxii, 21) : “ Jésus prit de même la coupe, après le souper, disant, etc. ” — Ces paroles semblent s’expliquer facilement. Au moment où s’achevait le repas légal, Jésus consacra le pain, puis il consacra et fit circuler la coupe dite de bénédiction, la coupe eucharistique, qui avait été préparée et apportée au Sauveur, quelque temps auparavant (Voy. Luc, xxii, 17, note).

4.  Beaucoup de Pères et d’anciens commentateurs admettent que Judas assistait à l’institution de l’Eucharistie et qu’il communia. D’un autre côté, S. Jean nous apprend (xiii, 26-30) qu’il quitta brusquement le cénacle avant la fin du repas. De nos jours la plupart des interprètes pensent que Judas ne reçut pas la Sainte Communion. Et en effet, S. Jean rapporte que Judas quitta le Cénacle après avoir pris le morceau de pain azyme trempé dans le charoseth, que lui avait présenté le Sauveur (Jean, xiii, 26, 27, 30). La seule raison sérieuse, sur laquelle on s’appuyait pour dire que Judas avait communié, est que S. Luc (xxii, 21), place l’allusion au traître après l’institution de l’Eucharistie. Mais S. Luc ne suit pas ici l’ordre chronologique. Après avoir raconté sans interruption ce qui se rapporte à l’institution même, il place à la fin divers incidents relatifs aux défaillances des Apôtres, comme la dispute des disciples sur la première place, incident qui ne peut évidemment se placer naturellement qu’au début du repas.

CÉSARÉE. — Deux villes de Palestine portent ce nom.

1o Césarée de Philippe, au pied du Liban, près de l’Hermon, reçut ce nom parce que Philippe le tétrarque restaura cette cité, anciennement Baalgad, et la dédia à Tibère César. (Ant. Jud. xviii, II, 1). Elle porte plus souvent le nom de Césarée Panéas ou simplement Panéas, consacrée au dieu Pan. Elle est mentionnée dans les Evangiles, (Matth. xvi, 13 ; Marc, viii, 27); c’est dans les environs qu’eut lieu la confession de S. Pierre (Matth. xvi, 16-18). Cette antique cité, dont il ne reste à peu près rien, porte actuellement le nom de Banias. De la grotte de Pan sort une des sources du Jourdain

2o Césarée du bord de la mer, ou Césarée de Palestine, ou simplement Césarée, bâtie par Hérode sur l’ancienne tour de Straton (Plin. Hist. Nat., v, 14), non loin du promontoire du mont Carmel, au bord de la Méditerranée. Il en fit la plus belle ville de Palestine, digne d’être dédiée à Auguste. Elle devint la résidence du procurateur romain, qui ne montait à Jérusalem qu’à la Pâque et aux fêtes solennelles. Au point de vue civil et militaire Césarée était donc comme la capitale de la Judée. Cette ville tient une place importante dans l’histoire de la prédication évangélique. Un des chefs de la cohorte qui y résidait, le centurion Corneille, fut le premier des païens à entrer dans l’Eglise et fut

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