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Dictionnaire du Nouveau Testament

Quelques interprètes modernes, tout en admettant encore que les deux généalogies sont de S. Joseph, partent d’une autre idée pour en expliquer les divergences. S. Matthieu, disent-ils, se préoccupe d'établir les droits de Jésus à la royauté d’Israël ; par conséquent la descendance qu’il cherche pour Jésus est celle qui fait de lui l’héritier légitime du trône de David ; S. Luc, au contraire, ne songe qu’à la descendance naturelle. Or, la branche aînée, issue de David par Salomon, s’étant éteinte dans la personne de Jéchonias, on suppose que ce prince adopta pour son successeur Salathiel, fils de Néri, de la branche cadette. Plus tard, nouvelle extinction de la branche aînée, ou d’Abiud, dans la personne de Jacob, et nouvelle transmission des droits royaux à la branche cadette, ou de Rhésa, sur la tête de Joseph, mais cette fois par le mariage léviratique d’Héli avec la veuve de Jacob.

Ce système de conciliation diffère peu du précédent. Le tableau placé en regard mettra sous les yeux le système qui nous paraît le meilleur, celui qui fait de Jacob le père légal et d’Héli le père naturel de S. Joseph.

GÊNÉSARETH, plaine à l’ouest du lac de ce nom : voy. Tibériade (mer de). Arrosée par une rivière et plusieurs sources, elle formait comme un jardin fleuri ; le Talmud l’appelle « le paradis de la terre ». Dans son abandon actuel, elle donne encore des signes de son ancienne fécondité : les fleurs la couvrent au printemps ; des bosquets de lauriers-roses ombragent ses ruisseaux, et les chardons y deviennent des taillis où le voyageur se fraie difficilement une route.

GETHSÉMANI (c.-à-d. pressoir d'huile), jardin situé à l’E. du Cédron (Jean, xviii, 1), au pied du mont des Oliviers (Luc, xxii, 39), et ainsi appelé sans doute à cause d’un pressoir qui s’y trouvait pour écraser les olives au temps de la récolte. N. S. y venait fréquemment avec ses disciples (Jean, xviii, 2). Il appartient aujourd’hui aux PP. Franciscains, qui l’ont entouré de murs. On y admire sept oliviers énormes, aux troncs noueux, au feuillage rare, qui pourraient bien être contemporains de J.-C. ou des rejetons immédiats de ceux qui furent témoins de l’agonie du Sauveur. Ce qui est certain c’est que, n’ayant jamais été soumis à l’impôt, ils sont antérieurs à la conquête musulmane.

HÉRODE (Famille d’), famille d’origine iduméenne qui, depuis la conquête de l’Idumée par Alexandre Jannée (105 av. J.-C.), était entrée en fréquentes relations avec les Asmonéens (Machabéens), et avait conçu le plan ambitieux de profiter de leur faiblesse et de leur désunion pour s’emparer de la Palestine. Voici les membres de cette famille dont il est question dans les Evangiles.

1oHérode l’Ancien, surnommé le Grand, et bien plus digne du nom de tyran exécrable, était fils d’Antipater. L’an de Rome 714, un décret du sénat le nomma roi de Judée, au détriment de tous les Asmonéens. Ce ne fut qu’à la fin de l’année 716 qu’il parvint à se rendre maître de Jérusalem ; Antigone, son rival, eut la tête tranchée, et Hérode, paisible possesseur du pays, commença véritablement son règne l’an 717. Après une longue vie, troublée par beaucoup de crimes et d’amers remords, ce prince astucieux et cruel mourut sans être regretté de personne, à la suite d’une affreuse maladie, peu avant Pâques, au moment d’une éclipse de lune (l’an 750 de Rome). Il avait régné 34 ans depuis la mort d’Antigone, 37 depuis le décret du sénat. C’est à lui qu’est attribué le massacre des Saints Innocents.

2oArchélaus, fils d’Hérode l’Ancien et de la Samaritaine Malthace, ethnarque, improprement roi de Judée, à la mort de son père, l’an 750 de Rome. Cet homme faible et sans caractère, parfois violent, régna en Judée et en Samarie pendant dix ans. Il fut déposé par Auguste l’an 759 de Rome. Après sa mort, la Judée fut définitivement rattachée à la province de Syrie et gouvernée par des procurateurs romains. L’un d’eux fut Ponce-Pilate (26-37). Après la disgrâce et l’exil de Ponce-Pilate à Vienne, en Gaule, Caligula confia le gouvernement de la Judée, avec le titre de roi, à Hérode Agrippa I, petit-fils d’Hérode le Grand.

3oHérode Antipas, ou le Tétrarque, fils d’Hérode l’Ancien et de Malthace, fut tétrarque de la Galilée et de la Pérée pendant toute la vie de N.-S. C’était un prince paresseux et nul, favori et adulateur de Tibère, en l’honneur duquel il appela Tibériade une ville qu’il avait fait bâtir sur le lac de Génésareth. Marié à une fille d’Arétas, roi d’Arabie, il s’éprit d’Hérodiade, femme de son demi-frère Philippe, et contracta avec elle un mariage secret. Jean-Baptiste ayant reproché à Antipas cet inceste, fut emprisonné par ses ordres dans la forteresse de Machéronte, et mis à mort sur la demande d’Hérodiade (Matth. xiv, 3 sv. ; Marc, vi, 14 sv. ; Luc, iii, 19 ; ix, 7-9). Hérode se trouvait à Jérusalem au temps de la Passion, et Pilate lui renvoya Jésus comme son sujet. Mais n’ayant pu en obtenir ni un miracle, ni même une réponse, il le fit revêtir d’une robe blanche par dérision, et reconduire au procurateur. Antipas fut exilé par Caligula à Lyon, où Hérodiade l’accompagna ; d’après Josèphe, il mourut en Espagne.

4oPhilippe, fils d’Hérode l’Ancien et de Cléopâtre, tétrarque de la Gaulonitide, de la Trachunitide et de l’Iturée, sur les terres duquel Jésus fit de fréquents voyages ; il se montra meilleur souverain que ses frères.

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