Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/301

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fondit sur lui. 15Les serviteurs de Saül lui dirent : “Voici qu’un mauvais esprit de Dieu fond sur toi. 16Que notre seigneur parle ; tes serviteurs sont devant toi, ils chercheront un homme sachant jouer de la harpe, et, quand le mauvais esprit venu de Dieu sera sur toi, il jouera de sa main, et tu seras soulagé.” 17Saül répondit à ses serviteurs : “Trouvez-moi donc un homme habile à jouer, et amenez-le-moi.” 18L’un des serviteurs, prenant la parole, dit : “J’ai vu un fils d’Isaï de Bethléem, qui sait jouer ; il est fort et vaillant guerrier, parlant bien ; c’est un homme de belle figure, et Yahweh est sur lui.” 19Saül envoya des messagers à Isaï, pour lui dire : “Envoie-moi David, ton fils, qui est avec les brebis.” 20Isaï prit un âne, avec du pain, une outre de vin et un chevreau, et les envoya à Saül par David, son fils. 21Arrivé chez Saül, David se tint devant lui ; et Saül le prit en affection, et il devint son écuyer. 22Et Saül envoya dire à Isaï : “Que David, je te prie, reste devant moi, car il a trouvé grâce à mes yeux.” 23Lorsque l’esprit venu de Dieu était sur Saül, David prenait la harpe et jouait de sa main, et Saül se calmait et se trouvait bien, et le mauvais esprit se retirait de lui.


3. Chap. xvii, 1-58 : Guerre avec les Philistins ; Goliath.Les deux armées (xvii, 1-3). Goliath (xvii, 4-7) ; il provoque les Israélites à un combat singulier, leur terreur (xvii 8-11). David, berger (xvii, 12-16) ; envoyé à l’armée porter des provisions à ses frères (xvii, 17-22), il entend le défi de Goliath (xvii, 23, 24) et s’informe de la récompense promise à qui le relèvera (xvii, 25-30). Il se présente à Saül, qui le dissuade à cause de sa jeunesse (xvii, 31-33) ; réponse victorieuse de David (xvii, 34-37). Armement de David (xvii, 38-40). Dédain de Goliath, réponse de David (xvii, 41-47). Meurtre de Goliath (xvii, 48-51), déroute des Philistins (xvii, 52-54). David présenté à Saül par Abner (xvii, 55-58).

Les Philistins, ayant rassemblé leurs armées pour faire la guerre, se réunirent à Socho, qui appartient à Juda ; ils campèrent entre Socho et Azéca, à Ephès-Dommim. 2Saül et les hommes d’Israël se rassemblèrent aussi et campèrent dans la vallée de Térébinthe ; ils se rangèrent en bataille en face des Philistins. 3Les Philistins étaient postés sur la montagne d’un côté, et Israël était posté sur la montagne de l’autre côté : la vallée était entre eux.

4Alors sortit des camps des Philistins un champion[1] ; il se nommait Goliath, il était de Geth, et sa taille était de six coudées et un palme. 5Un casque d’airain couvrait sa tête, et il portait une cuirasse à écailles ; et le poids de la cuirasse était de cinq mille sicles d’airain[2]. 6Il avait aux pieds une chaussure d’airain et un javelot d’airain entre ses épaules. 7Le bois de sa lance était comme une ensouple de tisserand, et la pointe de sa lance pesait six cents sicles de fer ; celui qui portait son bouclier marchait devant lui. 8Goliath s’arrêta et, s’adressant aux bataillons d’Israël, il leur cria : “Pourquoi êtes-vous sortis pour vous ranger en bataille ? Ne suis-je pas le Philistin, et n’êtes-vous pas les esclaves de Saül ? Choisissez un homme qui descende contre moi. 9S’il l’emporte en se battant avec moi et qu’il me tue, nous vous serons assujettis ; mais si je l’emporte sur lui et que je le tue, vous nous serez assujettis et vous nous servirez.” 10le Philistin ajouta : “Je jette aujourd’hui ce défi à l’armée d’Israël : Donnez-moi un homme, et nous nous battrons ensemble.” 11En entendant ces paroles du Philistin, Saül et tout Israël furent effrayés et saisis d’une grande crainte. 12Or David était fils de cet Ephratéen de Bethléem de Juda nommé Isaï, qui avait huit fils ; cet homme, au temps de Saül, était vieux, avancé en âge[3]. 13Les trois fils aînés d’Isaï étaient allés suivre Saül à la guerre ; et les noms de ces trois fils qui étaient allés à la guerre étaient Eliab l’aîné, Abinadab le second, et Samma le troisième. 14David était le plus jeune. Les trois aînés suivaient Saül, 15et David allait et venait d’auprès de Saül, pour paître les brebis de son père à Bethléem.

16Le Philistin s’avançait matin et soir, et il se présenta pendant quarante jours.

17Isaï dit à David, son fils : “Prends pour tes frères cet épha de grain rôti et ces dix pains, et cours au camp vers tes frères. 18Et ces dix fromages[4], porte-les

  1. Des camps ; LXX, des rangs. — un champion, m. à m., un homme du milieu, si le texte est bien conservé.
  2. Cinq mille sicles (en nombre rond, peut-être un peu exagéré), environ 75 kilogr. : Cette cuirasse, formée de plaques métalliques superposés, descendait jusqu’aux chevilles, comme celles que l’on voit sur les monuments assyriens.
  3. 12-31, manquent dans le Cod. Vat. des LXX.
  4. Un gage, un signe visible de ta visite à tes frères. D’autres, regardant comme invraisemblable cette exigence d’Isaï, expliquent ainsi cette locution : tu prendras d’eux des nouvelles sûres. D’autres encore, lisant, avec les LXX et la Vulg., tichaqqar au lieu de tiqqach, traduisent : tu t’informeras des désirs qu’ils peuvent avoir. Au lieu de aroubatham, la Vulg., a lu aroucatham, ce qui donne apprends avec qui ils sont enrégimentés. Le texte hébreu pourrait peut-être se traduire : tu prendras leur paie.