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LE LIVRE D’ESTHER[1]
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PROLOGUE.
[Voir XI, 2 — XII 6, fragment III.]
SONGE DE MARDOCHÉE, SA FAVEUR À LA COUR :
HAINE D’AMAN.
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PREMIÈRE PARTIE.
[I, 1 — IV, 17.]

DANGER COURU PAR LES JUIFS.
1. Chap. 1, 1-22 : Disgrâce de la reine Vasthi.Les festins d’Assuérus en faveur des grands (i, 1-4) et de tout le peuple (i, 5-8). Festin de la reine (i, 9). Elle refuse de se rendre auprès du roi (i, 10-12a). Colère du roi qui demande conseil aux sages (i, 12b-20). Décret de disgrâce (i, 21, 22).


C’était au temps d’Assuérus[2], — de cet Assuérus qui régna, depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie, sur cent vingt-sept provinces, — 2au temps où le Roi Assuérus était assis sur son trône royal à Suse, la capitale. 3La troisième année de son règne, il fit un festin[3] à tous ses princes et à tous ses ministres. Les chefs de l’armée des Perses et des Mèdes, les grands et les gouverneurs des provinces furent réunis en sa présence ; 4c’est alors qu’il déploya devant eux la riche splendeur de son royaume et l’éclatante magnificence de sa grandeur, pendant un grand nombre de jours, pendant cent quatre-vingts jours[4].

5Lorsque ces jours furent écoulés, le roi fit pour tout le peuple qui se trouvait à Suse, la capitale, depuis le plus grand jusqu’au plus petit, un festin de sept jours[5], dans la cour du jardin de la maison royale. 6Des tentures blanches[6], vertes et bleues étaient attachées par des cordons de byssus et de pourpre à des anneaux d’argent et à des colonnes de marbre ; des lits d’or et d’argent étaient posés sur un pavé de porphyre, de marbre blanc, de nacre et de marbre noir.

  1. Lorsque S. Jérôme entreprit de traduire le livre d’Esther, il avait entre les mains le texte hébreu actuel, en usage alors parmi les Juifs, et l’antique version grecque, dite des Septante. Ce dernier texte, généralement conforme à l’hébreu, contenait, en outre, sous forme de prologue et d’épilogue, le récit et l’explication d’un songe de Mardochée ; puis, dans le corps même du livre, le texte intégral des deux édits royaux, les prières de Mardochée et d’Esther, ainsi qu’une relation détaillée de l’entrée d’Esther chez Assuérus. Ces passages se lisaient également dans l’ancienne version latine, répandue en Occident. Comme ils ne se trouvaient point dans l’hébreu, le saint docteur se borna à en donner une traduction assez libre, comme appendice de son travail sur le texte hébreu, avec des notes indiquant l’endroit où chaque fragment se trouvait placé dans les Septante (x, 4 — xvi, 24). Après même que le Concile de Trente eut défini la canonicité de toutes les parties des Saints Livres contenus dans la Vulgate, nos éditions modernes conservèrent, pour le livre d’Esther, la disposition adoptée par S. Jérôme. Les passages deutérocanoniques seront indiqués à leur place, mais la traduction du texte sera renvoyée à la fin du livre, comme dans la Vulgate.
  2. I. 1. Assuérus : l’hébr. Achaschivêrosch répond à la forme perse Kschayarscha (avec l’aleph prosthétique), c.-à-d. Xerxès, le fils de Darius, fils d’Hystaspe. La version grecque a rendu partout le nom du roi par Artaxerxès.
  3. 3. Les LXX font dépendre toute la fin du vers, des mots il fit un festin (à tous ses princes…, à l’année, etc…, devant lui).
  4. 4. Ou lit dans l’hébreu : “des jours nombreux, 80 et 100 jours.” Cette construction un peu singulière ferait croire qu’au lieu du mot rabbîm, nombreux, on lisait schenem, deux : 182 jours. Ce serait une faute de copiste due à la confusion des deux premières lettres. Les LXX ont seulement : “durant 180 jours.”
  5. 5. Un festin de sept jours. Septante : “six jours
  6. 6. Des tentures blanches, vertes… : le mot hébreu karpas, emprunté du perse, désigne le coton. Il faudrait traduire des tentures d’étoffe blanche, de coton et de pourpre violette.