Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/563

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Seigneur, et ne fermez pas la bouche de ceux qui vous louent.”

18Tout Israël cria aussi vers le Seigneur de toutes ses forces ; car ils avaient la mort devant les yeux.


2. Chap. xiv, 1-19 : Prière d’Esther.Deuil d’Esther (xiv, 1, 2). Sa prière : Ce que Dieu a fait à l’origine pour Israël (xiv, 3-5) ; pourquoi Israël a été livré aux païens (xiv, (3, 7) ; leurs desseins (xiv, 8-10). Que Dieu confonde ces projets et délivre son peuple (xiv, 11, 12) ; qu’il ait égard aux dispositions d’Esther et que, par elle, il perde Aman (xiv, 13-19).

La reine Esther aussi, se sentant placée en un extrême péril de mort, eut recours au Seigneur. 2Quittant ses vêtements splendides, elle prit des habits d’angoisse et de deuil ; à la place de ses parfums précieux, elle se couvrit la tête de cendre et de poussière, affligea[1] durement son corps et, s’arrachant les cheveux, elle en remplissait tous les lieux où elle avait coutume de se livrer à la joie. 3Et elle adressa cette prière au Seigneur, Dieu d’Israël :

“Mon Seigneur, qui êtes seul notre Roi, assistez-moi dans mon délaissement, moi qui n’ai, pas d’autre secours que Vous ; 4car le danger qui me menace, je le touche[2] déjà de mes mains. 5J’ai appris dès mon bas âge, au sein de ma tribu paternelle, que Vous, Seigneur, avez pris Israël de préférence à toutes les nations, et nos pères de préférence à tous leurs ancêtres, pour votre héritage éternel, et que Vous avez accompli en leur faveur toutes vos promesses. 6Et maintenant, nous avons péché en votre présence, et Vous nous avez livrés aux mains de nos ennemis, 7parce que nous avons rendu hommage à leurs dieux. Vous êtes juste, Seigneur ! 8Et maintenant, il ne leur suffit plus de faire peser sur nous une amère servitude, mais ils ont mis leurs mains[3] dans les mains de leurs idoles, 9pour faire serment d’abolir les décrets de votre bouche, d’anéantir votre héritage, de fermer la bouche de ceux qui Vous louent, et d’éteindre la gloire de votre temple et de votre autel, 10afin que s’ouvre la bouche des nations, pour louer la puissance des idoles et célébrer à jamais un roi de chair. 11Ne livrez pas, Seigneur, votre sceptre à ceux qui ne sont rien, afin qu’ils ne se rient pas de notre ruine ; mais faites retomber sur eux leur dessein et faites un exemple de celui qui le premier[4] s’est déchaîné contre nous. 12Souvenez-Vous de nous, Seigneur ; faites-Vous connaître dans ce temps de notre affliction et donnez-moi du courage, Roi des Dieux et Dominateur de toute puissance ! 13Mettez de sages paroles sur mes lèvres en présence du lion, et faites passer son cœur à la haine de notre ennemi, afin qu’il périsse, lui et tous ceux qui ont les mêmes sentiments. 14Mais nous, délivrez-nous par votre main, et assistez-moi, moi qui suis seule et n’ai que Vous, Seigneur ! Vous connaissez toutes choses, 15et Vous savez que je hais la splendeur des méchants, que j’ai horreur de la couche des incirconcis et de tout étranger. 16Vous savez la contrainte que je subis, vous savez que j’ai en horreur l’insigne de mon élévation, qui est posé sur ma tête aux jours où je dois me laisser voir ; je l’ai en horreur comme un linge souillé, et je ne le porte point aux jours que je puis passer dans la retraite. 17Votre servante n’a jamais mangé à la table d’Aman, ni fait grand cas des festins du roi, ni bu le vin des libations. 18Jamais, depuis le jour où j’ai été amenée ici jusqu’à maintenant, votre servante n’a goûté la joie, si ce n’est en Vous, Seigneur Dieu, Dieu d’Abraham. 19O Dieu, qui l’emportez sur tous en puissance, exaucez la prière de ceux qui n’ont aucun autre espoir ; délivrez-nous des mains des méchants et tirez-moi de mon angoisse !”


VI. — EXHORTATION DE MARDOCHÉE À ESTHER.
[XV, I-3.]

À lire après IV, 8 ([5]).

Il fit mander[6] à Esther d’entrer chez le roi, afin de lui adresser une supplication pour son peuple et sa patrie.

  1. XIV, 2. Elle affligea, par les jeûnes, ajoute la Vulg. d’après iv, 16.
  2. 4. Je le touche déjà de mes mains, m. à m. est dans ma main.
  3. 8. Ils ont mis leurs mains. Les mots qui suivent (dans les mains de leurs idoles, faire serment) sont une interprétation. D’autres interprètent : Ils ont fermement décidé d’abolir etc.
  4. 11. De celui qui le premier s’est déchaîné contre nous ; m. à m. de celui qui a commencé contre nous.
  5. (*) J’ai encore trouvé ceci dans l’édition Vulgate. (Note de S. Jérôme.) Il ne nous dit pas à quel endroit se lisaient ces paroles de Mardochée ; mais xv, 1, reproduit en partie le verset iv, 8, auquel elles font suite. En réalité, ce fragment devrait être placé avant les prières qui précèdent.
  6. XV, 1. Il fit mander à Esther. Le sujet n’est pas exprimé dans le texte. Mais, comme S. Jérôme le marque entre parenthèses, “il n’y a pas de doute que ce soit Mardochée.” Le complément est exprimé par le pronom ei ; mais il est évident, de par le contexte, qu’il s’agit d’Esther.