[III, 1 — XXXI, 40.]
[III, 1 — XIV, 22.]
1Alors Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 2Job prit la parole et dit :
3Périsse le jour où je suis né, et la nuit qui a dit : « Un homme est conçu ! »
4Ce jour, qu’il se change en ténèbres, que Dieu[1] d’en haut n’en ait pas souci, que la lumière ne brille pas sur lui ! 5Que les ténèbres et l’ombre de la mort[2] le revendiquent, qu’un nuage épais le couvre, que l’éclipse de sa lumière jette l’épouvante !
6Cette nuit, que les ténèbres en fassent leur proie, qu’elle ne compte pas dans les jours de l’année, qu’elle n’entre pas dans la supputation des mois ! 7Que cette nuit soit un désert stérile, qu’on n’y entende pas de cri d’allégresse ! 8Que ceux-là la maudissent, qui maudissent les jours,[3] qui savent évoquer Léviathan ! 9Que les étoiles de son crépuscule s’obscurcissent, qu’elle attende la lumière, sans qu’elle vienne, et qu’elle ne voie point les paupières[4] de l’aurore, 10parce qu’elle ne m’a pas fermé les portes du sein, et n’a pas dérobé la souffrance à mes regards !
11Que ne suis-je mort dès le ventre de ma mère, au sortir de ses entrailles que n’ai-je expiré ! 12Pourquoi ai-je trouvé deux genoux pour me recevoir, et pourquoi deux mamelles à sucer ?
- ↑ III, 4. Dieu. Dans le poème, on emploie souvent la forme rare du sing. (Eloah), au lieu de la forme usuelle du pluriel (Elohîm).
- ↑ 5. L’ombre de la mort, une obscurité profonde, telle que celle du schéol (Gen. xxxvii, 35), séjour des morts. — Que l’éclipse, etc. LXX et Vulg. (lisant ki meriré en deux mots), qu’il soit enveloppé d’amertume.
- ↑ 8. Qui maudissent les jours : magiciens ou enchanteurs auxquels la croyance populaire supposait le pouvoir de rendre certains jours néfastes. — Léviathan : Ici, le Dragon céleste (constellation), toujours prêt, selon les mythologies orientales, à s’élancer pour dévorer le soleil et la lune, ce qui amenait des éclipses.
- ↑ 9. Les paupières (Vulg., le lever) de l’aurore, ses premiers rayons.