Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/665

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25Il connaît donc leurs œuvres ; il les renverse de nuit, et ils sont écrasés. 26Il les frappe comme des impies, en un lieu où on les regarde, 27parce qu’en se détournant de lui, en refusant de connaître toutes ses voies, 28ils ont fait monter vers lui le cri du pauvre, ils l’ont rendu attentif au cri des malheureux. 29S’il accorde la paix, qui le trouvera mauvais ; s’il cache son visage, qui pourra le contempler, qu’il soit peuple ou homme celui qu’il traite ainsi, 30pour mettre fin au règne de l’impie, pour qu’il ne soit plus un piège pour le peuple ?[1] 31Or avait-il dit à Dieu : “J’ai été châtié, je ne pécherai plus ; 32montre-moi ce que j’ignore ; si j’ai commis l’iniquité, je ne le ferai plus ?”

33Est-ce d’après ton avis que Dieu doit rendre la justice de sorte que tu puisses rejeter son jugement ? Choisis à ton gré, et non pas moi ; ce que tu sais, expose-le. 34Les gens sensés me diront, ainsi que l’homme sage qui m’écoute : 35“Job a parlé sans intelligence, et ses discours sont dépourvus de sagesse. 36Eh bien, que Job[2] soit éprouvé jusqu’au bout, puisque ses réponses sont celles d’un impie ! 37Car à l’offense il ajoute la révolte ; il bat des mains au milieu de nous, il multiplie ses propos contre Dieu.”


3. Chap. xxxv, 1-16 : Troisième discours d’Eliu. — Si son innocence n’est pas récompensée (xxxv, 1-4), Job ne doit pas oublier qu’elle ne lui crée aucun droit strict devant Dieu (xxxv, 5-8). Dieu n’exauce pas ses prières, parce qu’elles manquent d’humilité (xxxv, 9-13). Que Job attende avec patience (xxxv, 14-16).

Eliu prit de nouveau la parole et dit :

2Crois-tu que ce soit de la justice, de dire : “J’ai raison contre Dieu ?”[3] 3Car tu as dit : “Que me sert mon innocence, qu’ai-je de plus que si j’avais péché ?” 4Moi, je vais te répondre, et à tes amis en même temps.

5Considère les cieux et regarde ; vois les nuées : elles sont plus hautes que toi !… 6Si tu pèches, quel tort lui causes-tu ? Si tes offenses se multiplient, que lui fais-tu ? 7Si tu es juste, que lui donnes-tu ? Que reçoit-il de ta main ? 8Ton iniquité ne peut nuire qu’à tes semblables, ta justice n’est utile qu’au fils de l’homme.

  1. 30. Vulgate : c’est lui qui fait régner l’hypocrite à cause des péchés du peuple.
  2. 36. Que Job etc. Vulg.. mon Père, que Job, n’épargne pas l’homme d’iniquité. Mon Père, Dieu, dans la pensée de S. Jérôme. Mais, dans l’Ancien Testament, Dieu est appelé quelquef0is notre Père, jamais mon Père. L’hébr. âbî est donc ici une particule marquant l’optatif, de la racine âbâh, vouloir.
  3. XXX, 2, 3. La symétrie des temps serait compatible avec cette autre traduction : “Crois-tu que ce soit là de la justice, appelles-tu cela “ma justice devant Dieu”, que de dire : Quel est mon avantage, quel est mon profit à me tenir loin du péché ?” Le vers. 3 manque dans les LXX.