Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/929

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10Ne te fie jamais à ton ennemi,
car sa malice est comme l’airain que couvre la rouille ;
11alors même qu’il se montre humble et marche courbé,
veille sur toi-même et garde-toi de lui ;
et tu seras pour lui comme celui qui polit un miroir,[1]
et tu connaîtras qu’il n’a pas de rouille jusqu’à la fin.

12Ne le mets pas à côté de toi,
de peur qu’il ne te renverse et ne prenne ta place.
Ne le fais pas asseoir à ta droite,
de peur qu’il ne cherche à occuper ton siège,
et qu’à la fin, reconnaissant la vérité de mes discours,
tu n’aies du chagrin au souvenir de mes paroles.

13Qui aura pitié de l’enchanteur mordu par un serpent,
et de tous ceux qui approchent les bêtes féroces ?
14Il en est de même de celui qui lie société avec un pécheur,
et qui se mêle à ses péchés.
15Il reste une heure avec toi ;[2]
mais, si tu te détournes, il ne tiendra pas plus longtemps.

16L’ennemi a la douceur sur les lèvres,
et, dans son cœur, il médite le moyen de te jeter dans la fosse.
L’ennemi a des larmes dans les yeux,
et, s’il trouve l’occasion, il sera insatiable de ton sang.
17Si le malheur t’atteint, tu le trouveras là avant toi,
et, sous prétexte de te secourir, il te donnera un croc-en-jambe.[3]
18Alors il branlera la tête, il battra des mains,[4]
il ne cessera de chuchoter et prendra un autre visage.



31. Chap. xiii, 1-22 : Éviter les sociétés inégales.Danger du commerce avec l’orgueilleux (xiii, 1-3) ; il exploite celui qui se fie à lui (xiii, 4-8). Réserve et dangers dans la société du puissant (xiii, 9-13). Pas de société possible entre juste et impie, riche et pauvre (xiii, 14-19). Attitudes diverses avec le riche et le pauvre (xiii, 20-22).


Qui touche à la poix se souille,
et qui se lie avec l’orgueilleux lui devient semblable.
2Ne mets pas sur tes épaules un lourd fardeau,
et ne te lie pas avec un homme plus fort et plus riche que toi.
Quelle association peut-il y avoir entre le pot de terre et le chaudron ?
Le chaudron heurtera le pot, et celui-ci sera brisé.[5]
3Le riche commet une injustice, et il frémit d’indignation ;[6]
le pauvre est maltraité, et il demande excuse.[7]
4Tant que tu pourras lui être utile, il se servira de toi,
et quand tu n’auras plus rien, il te délaissera.
5Si tu as du bien, il vivra avec toi,[8]
il te dépouillera, et n’aura nul souci.

  1. 11. Comme celui qui polit un miroir. Hébr., comme s’il devait révéler les secrets. — Et tu connaîtras etc. Hébr., et sache la fin de la jalousie. — Les deux derniers membres manquent dans la Vulg.
  2. 15. Il reste une heure avec toi. Hébr., tant que tu es debout, il ne se manifeste pas.
  3. 17. Après le Ier membre, la Vulg. (18) répète : Il a des larmes dans les yeux.
  4. 18. Il battra des mains. Hébr., il agitera la main.
  5. XIII, 2. La Vulg. traduit largement les deux premiers membres : il s’impose un lourd fardeau celui qui se lie avec un plus riche que soi, et ne deviens pas le compagnon d’un plus riche que toi.
  6. 3 sv. La situation de la Palestine à l’époque de Ben Sirach donne une valeur particulière aux traits de mœurs rappelés dans ces versets. Les grands et les riches que l’auteur a surtout en vue, ce sont pour la plupart les étrangers, qui tenaient les Juifs asservis et qui, non seulement les exploitaient, mais s’efforçaient encore de les gagner à leur cause et à leurs opinions. Les petits et les pauvres, ce sont les Israélites qui, par des relations faciles et habituelles avec leurs vainqueurs idolâtres, auraient été exposés à perdre leur attachement à leurs croyances et à leur culte national.
  7. 3. Il demande excuse. Vulg. (4), il se tait.
  8. 5. Il vivra avec toi ; Hébr., il te donnera de bonnes paroles.