16Mon fils, répands des pleurs sur un mort,
et, comme si tu souffrais cruellement, commence la lamentation.
Puis donne à son corps les soins qui lui sont dus,
et ne néglige pas sa sépulture.[1]
17Verse des larmes amères, exhale des soupirs brûlants,
et fais le deuil, selon qu’il en est digne,
un jour ou deux, pour éviter les mauvais propos.
Ensuite console-toi, pour éloigner la tristesse ;[2]
18car de la tristesse peut venir la mort,
et le chagrin du cœur abat toute vigueur.[3]
19Quand on emmène un mort, le chagrin doit passer avec lui,
comme la vie du pauvre est contre son cœur.[4]
20N’abandonne pas ton cœur à la tristesse ;
chasse-la, te souvenant de ta fin.[5]
21Ne l’oublie pas : il n’y a point de retour ;
tu ne seras pas utile au mort, et tu feras du mal à toi-même.
22Souviens-toi qu’à l’arrêt porté sur lui, le tien sera pareil :
« Pour moi hier, pour toi aujourd’hui. »[6]
23Quand le mort repose, laisse reposer sa mémoire,
et console-toi[7] à son sujet, au départ de son esprit.
24La sagesse du scribe s’acquiert à la faveur du loisir,
et celui qui n’a pas à s’occuper d’affaires deviendra sage.[8]
25Comment deviendrait-il sage celui qui gouverne la charrue,
dont l’ambition est de manier, en guise de lance,[9] l’aiguillon ;
qui pousse ses bœufs et se mêle à leurs travaux,
et ne sait discourir que des petits des taureaux ?
26Il met tout son cœur à tracer des sillons,
un soin vigilant à procurer le fourrage à ses génisses.
27Il en est de même de tout charpentier et constructeur,
qui poursuivent leurs occupations la nuit comme le jour ;
de celui qui grave les empreintes des cachets :
son application est de varier les figures ;
il met son cœur à reproduire le dessin,
un soin vigilant à parfaire son ouvrage.[10]
- ↑ 16. Hébr., 3e membre, selon qu’il lui est dû, réunis (enterre) son corps.
- ↑ 17. La Vulg. n’a pas le 1er membre ; elle traduit le 2e et le 3e avec des variantes, puis les traduit de nouveau sans variante après le 4e membre du même vers.
- ↑ 18. La Vulg. (19) ajoute après le 1er membre : et elle accable la force. — La mort ; hébr., le malheur.
- ↑ 19. Vers, difficile et diversement interprété. Vulg. (20), quand on emmène le mort, la tristesse demeure, et la vie du pauvre est à l’image de son cœur (?).
- ↑ 20. Hébr., ne ramène pas de nouveau ton cœur vers lui ; rejette son souvenir et souviens-toi de ta fin.
- ↑ 22. Vulg. (23), 1er membre, souviens-toi de l’arrêt porté sur moi.
- ↑ 23. Console-toi ; Vulg., console-le.
- ↑ 24. Le morceau suivant (24 - xxxix, 11) oppose le scribe, le lettré juif, le docteur de la loi, à l’artisan, aux gens de métier, au point de vue de l’acquisition de la sagesse ; c’est par ces derniers qu’il commence.
- ↑ 25. En guise de lance, l’aiguillon, litt. la lance de l’aiguillon. — Ne sait discourir que des petits des tauraux, ou bien qu’avec les petits des tauraux (ainsi l’hébr.).
- ↑ 27. ici finit le fragment hébreu commencé xxxv, 11.