vie… Nous savons, notre conscience sait aujourd’hui, — ce que valent ces inquiétantes inventions des prêtres et de l’Église, à quoi elles servaient. Par ces inventions fut atteint l’état de pollution de l’humanité dont le spectacle peut inspirer l’horreur, — les idées d’« au-delà », « jugement dernier », « immortalité de l’âme », l’« âme » elle-même : ce sont des instruments de torture, des systèmes de cruauté dont les prêtres se servirent pour devenir maîtres, pour rester maîtres… Chacun sait cela : et quand même tout reste dans l’ancien état de choses. Où donc est allé le dernier sentiment de pudeur, de dignité devant soi-même, si même nos hommes d’État, une sorte d’hommes généralement très francs, foncièrement antéchrists en action, s’appellent aujourd’hui encore des chrétiens et vont à la sainte Cène… Un jeune[1] prince à la tête de ses régiments, superbe expression de l’égoïsme et de l’orgueil de son peuple, — mais, sans aucune pudeur, s’avouant chrétien !… Que nie donc le christianisme ? Qu’est le « monde » pour lui ? Quand on est soldat, juge, patriote ; quand on se défend ; quand on tient à son honneur ; quand on veut son propre avantage ; quand on est fier… La pratique de tous les moments, chaque instinct, chaque évaluation devenant action, est aujourd’hui antichrétienne ; quel avorton de fausseté doit être l’homme moderne pour ne pas avoir honte, quand même, de s’appeler chrétien !…
(À finir.)
- ↑ Jeune a été supprimé dans le texte allemand. On comprendra !… (N. du T.)