culièrement bas, en renonçant à ce qui est élevé ». Mais tout spécialement la vierge supérieure se montrait indignée : toutes les petites cours, toutes les espèces de Warburg, en Allemagne, se signalent devant Gœthe, devant « l’esprit malpropre › dans Gœthe. Cette histoire, Wagner l’a mise en musique. Il sauve Gœthe, cela se conçoit de soi ; mais de telle manière que sagement il prend en même temps le parti de la vierge supérieure. Gœthe est sauvé, une prière le délivre, une vierge supérieure l’attire.
Qu’aurait bien pensé Gœthe de Wagner ? Gœthe, une fois, s’est posé la question de savoir quel était le danger menaçant tous les romantiques, quelle était la destinée du romantisme. Voici sa réponse : « D’étouffer en remâchant, en ruminant toutes les absurdités morales et religieuses ». Plus simplement : Parsifal. Le philosophe y ajoute un épilogue : sainteté, la dernière chose peut-être que le peuple et la femme de qualité puissent encore envisager, l’horizon de l’idéal pour tout ce qui est myope de nature, mais pour les philosophes, comme tout horizon, une simple non-compréhension, une espèce de cadenas devant le domaine, où leur monde ne fait que commencer, leur danger, leur idéal, leur desideratum. Plus poliment dit : la philosophie ne suffit pas au grand nombre, il lui faut la sainteté.
IV
Que je raconte encore l’histoire des « Niebelungen », c’est sa place. Elle aussi est un conte de délivrance : seulement, cette fois, c’est Wagner qui est délivré. Wagner a cru, pendant la moitié de sa vie, à la révolution, comme peut y avoir cru n’importe quel Français. Il fouilla dans les runes de la mythologie, il crut trouver dans Siegfried le révolutionnaire typique.
« D’où vient tout le mal dans le monde », se demande Wagner. « D’anciennes conventions », répondit-il, comme tous les idéologues des révolutions.
En français : Des mœurs, des lois, des morales, des institutions, de toutes ces choses sur lesquelles le vieux monde, la vieille société repose.
« Comment chasse-t-on le mal du monde ? comment détruire la vieille société ? » Par un seul moyen : en déclarant la guerre aux conventions (à la tradition, à la morale).
C’est ce que fait Siegfried. Il commence tôt, très tôt. Sa conception est déjà une déclaration de guerre à la morale, — il vient au monde par l’adultère, par l’inceste ; ce n’est pas la légende, mais bien Wagner qui est l’inventeur de ce trait radical ; en ce point il a corrigé la légende. Siegfried continue comme il a commencé : il ne suit que la première impulsion, il rejette toute tradition, tout respect, toute crainte. Il abat ce qui lui