m’aider. Nous étions alors entraînés rapidement vers Chiswick, mais il saisit les avirons et, retournant la proue de la barque, il me dit :
« Une courte baignade, voisin, mais peut-être trouvez-vous l’eau froide ce matin, après votre voyage. Vous déposerais-je au bord tout de suite, où voudriez-vous aller jusqu’à Putney avant de déjeuner ? »
« Il parlait d’une manière si différente de ce que j’aurais pu attendre d’un batelier de Hammersmith, que je le fixai en lui répondant : « Maintenez un instant la barque, s’il vous plaît, je voudrais regarder un peu autour de moi ». « Parfaitement, dit-il, il ne fait pas moins beau ici qu’à Barn Elms. Il fait agréable partout à cette heure de la matinée ; je suis content que vous vous soyez levé de bonne heure : il est à peine cinq heures. » Si j’étais étonné de l’aspect des bords de la rivière, je ne l’étais pas moins de celui de mon batelier, maintenant que j’avais le temps de le regarder et de l’observer, maintenant que mes idées et mes yeux s’étaient éclairés.
C’était un beau jeune homme, ayant un regard particulièrement agréable et amical, et une expression tout à fait nouvelle pour moi alors, quoique je me familiarisasse vite avec elle. Pour le reste, il avait les cheveux foncés et la peau brune comme une groseille ; il était bien fait et solide, les muscles visiblement exercés, mais sans rien de rude ou de vulgaire et il était aussi propre que possible ; ses vêtements ne ressemblaient pas du tout aux vêtements des ouvriers de nos jours, mais auraient très bien pu servir pour un costume dans un tableau de la vie du XIVe siècle. Ils étaient de drap bleu foncé, assez suffisamment simples, mais d’un tissu fin et sans une tache. Une ceinture de cuir brun lui ceignait la taille et je remarquai que la boucle qui la fermait était en acier damasquiné superbement travaillé.
Bref, ce semblait être un jeune gentleman viril et distingué, jouant au marin par divertissement et je conclus que c’était le cas. Je compris que je devais faire un peu de conversation. Je montrai la rive du comte de Surry, où j’observais quelques légers escaliers en planche descendant vers l’eau et portant des vindas à leur sommet.
« Qu’est-ce qu’ils font avec ces choses-là ? Si nous étions sur le Tay, je dirais qu’on les a placés là pour porter les filets pour prendre le saumon, mais ici ? »
« Eh bien ? répondit-il, souriant, c’est en effet pour cela qu’ils y sont ; où il y a du saumon, doivent se trouver vraisemblablement des filets pour le prendre. Que ce soit sur le Tay ou sur la Tamise : mais naturellement ils ne sont pas toujours en usage ; nous n’avons pas besoin de saumon tous les jours de la saison. »
J’allais dire : « Mais ceci est-il bien la Tamise ? » mais je retins mon étonnement et tournai mes regards ahuris vers l’est pour voir encore le