Page:La Société nouvelle, année 8, tome 1, 1892.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Évidemment, vous voulez que l’hôte soit heureux et à l’aise ; et comment peut-il l’être si on l’importune de toutes sortes de questions quand il ne s’est pas encore rendu compte des nouvelles coutumes et du nouveau peuple qu’il voit autour de lui ? Non, non, je vais l’emmener là où il pourra faire des questions lui-même et en avoir la réponse, c’est-à-dire chez mon aïeul à Bloomsburg et je suis convaincu que vous ne pouvez avoir quelque chose à objecter à cela. Ainsi, au lieu de vous tourmenter, vous feriez beaucoup mieux d’aller chez James Allen me chercher une voiture, puisque je désire le conduire moi-même et dites à James, s’il vous plaît, de me donner le vieux gris, parce que je sais mieux conduire un bac qu’une voiture. Courez, mon vieux, et ne soyez pas désappointé ; notre hôte se conservera pour vous et vos histoires. »

Je regardais avec stupéfaction Dick, car j’étais étonné de l’entendre parler d’un ton si familier, pour ne pas dire si sec, à un personnage ayant un air si digne ; car je croyais que ce monsieur Boffin, malgré son nom bien connu emprunté à Dickens, devait être au moins un des sénateurs de ce peuple étrange. Cependant, il se laissa aller et dit : « All right, vieux rameur, ce que vous voudrez ; ce n’est pas un de mes jours de travail, et quoique (avec une inclination de condescendance vers moi) le plaisir de causer avec ce savant hôte m’est enlevé, j’admets qu’il doit voir votre estimable parent aussitôt que possible. Puis il sera peut-être plus capable de répondre à mes questions après qu’on aura répondu aux siennes. »

Après cela il se retourna et se précipita hors du hall.

Quand il fut parti je dis : « Oserais-je demander ce qu’est monsieur Boffin ? de qui le nom, me rappelle maintes agréables heures passées en lisant Dickens.

Dick riait. « Oui, oui, dit-il. Je vois que vous comprenez l’allusion. En effet, son vrai nom n’est pas Boffin, mais Henri Johnson ; nous l’appelons seulement Boffin par plaisanterie, en partie parce qu’il est un « Dustman » et en partie parce qu’il s’habille de façon si voyante et met autant d’or sur lui qu’un baron du moyen-âge. Et pourquoi ne le ferait-il du reste pas s’il l’aime ? Seulement, nous sommes ses amis intimes, vous voyez, et ainsi nous le plaisantons. »

Je me tus un moment, mais Dick continua :

« C’est un excellent garçon et on ne peut s’empêcher de l’aimer ; mais il a une faiblesse : il veux passer son temps à écrire des romans réactionnaires, et il est très fier de mettre la couleur locale exacte, comme il l’appelle ; et comme il pense que vous venez d’un coin de la terre où les gens sont malheureux et par conséquent intéressants pour un conteur d’histoires, il croit qu’il peut tirer de vous quelque renseignement. Oh ! il sera tout à fait