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Page:La Société nouvelle, année 8, tome 1, 1892.djvu/325

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parmi lesquelles dominait principalement l’odeur des herbes foulées dans le chemin. Cette forêt de Keningston, si romantique, n’était cependant pas solitaire.

Nous rencontrâmes plusieurs groupes, allant et venant ou errant deux à deux dans les coins de la forêt. Parmi ceux-ci se trouvaient plusieurs enfants de six à huit ou de seize ou dix-sept ans. Ils me semblaient être des spécimens spécialement beaux de leur race, et on voyait clairement qu’ils s’amusaient autant que possible ; quelques-uns d’entre eux flanaient autour de petites tentes plantées sur la pelouse ; près de quelques-unes de ces tentes brûlaient des feux et au-dessus de ceux-ci des pots étaient suspendus à la manière bohémienne. Dick m’expliquait qu’il y avait des maisons dispersées dans la forêt et, en effet, nous en entrevîmes une ou deux. Il disait qu’elles étaient presque toutes petites comme celles qu’on avait l’habitude d’appeler cottages lorsqu’il y avait encore des esclaves dans le pays ; elles étaient agréables et assez confortables pour la forêt.

« Elles doivent être bien fournies d’enfants », dis-je, indiquant la quantité de jeunesses rencontrée sur le chemin.

« Oh », répondit-il, « ces enfants ne viennent pas tous des maisons des environs, des maisons du pays boisé, beaucoup arrivent ordinairement de la campagne. Ils organisent souvent des parties, et viennent ensemble dans les bois pendant des semaines, à la saison d’été, pour y jouer, et ils vivent dans des tentes, comme vous voyez. Nous les encourageons à le faire ; ils apprennent ainsi eux-mêmes les choses et observent les animaux sauvages ; et, vous voyez, le moins qu’ils étouffent dans l’intérieur des maisons c’est le mieux pour eux. En vérité, je dois vous dire que beaucoup de gens adultes se rendent aussi dans les forêts pour y vivre pendant l’été, quoiqu’ils aillent pour la plupart dans de plus grands bois, comme à Windsor, ou dans la forêt de Dean, ou dans les déserts du nord. A part les autres plaisirs que cela leur donne, ils peuvent se livrer un peu à de rude besogne, laquelle, je suis triste de le dire, est devenue assez rare ces derniers cinquante ans. »

Il s’arrêta et continua : « Je vous raconte tout ceci et je parle pour répondre à des questions que vous pensez, même si vous ne les énoncez pas ; mais mon parent vous en dira bien plus. »

Je vis que j’étais dans le cas de perdre pied de nouveau et, passant par dessus la discipline, je dis :

« Eh bien, ces enfants seront tous plus reposés pour aller à l’école quand l’été sera passé et quand ils devront y retourner. »

« Ecole ? » dit-il. « Oui, qu’est-ce que vous voulez dire par ce mot ? Je ne vois pas ce que cela peut avoir à faire avec des enfants Nous avons, il est vrai, une école (un parc) de harengs et une école de peinture, et dans le