Page:La Société nouvelle, année 8, tome 1, 1892.djvu/747

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nant seulement, que le pied s’est fatigué, — ton regard me rattrape encore, — ton bonheur me rattrape encore.

Autour, rien que vagues et jeux. — Tout ce qui fut lourd — s’est effondré dans l’oubli bleu, — paresseux se balance mon canot. — Tempête et traversée, comme il les a oubliées ! — Désir, espoir se sont noyés, — planes sont immobiles l’âme et la mer.

Septième solitude ! — Jamais je ne sentis plus près de moi la sécurité douce. — jamais plus chaud le regard du soleil. — Ne bout-elle pas encore, la glace de mes sommets ? — Argentin, léger comme un poisson, ma nacelle nage à présent vers là-haut…



GLOIRE ET ÉTERNITÉ


I

Que longtemps déjà te voilà assis — sur ta malchance ? — Fais attention ! tu me couves encore — un œuf, — un œuf de basilic, — avec ton long chagrin.

Pourquoi Zarathustra se glisse-t-il le long de la montagne ?

Méfiant, ulcéré, sombre, — il épie, — mais soudain, un éclair — brille, terrible, un coup — frappant de l’abîme vers le ciel : — de la montagne elle-même se secouent — les entrailles…

Où la haine et le rayon de l’éclair — se sont unis, une malédiction, — sur les montagnes demeure maintenant la colère de Zarathustra ; — comme un orage menaçant il se glisse dans son chemin.

Qu’il rampe sous sa couverture, celui qui en a encore une ! — Au lit, les délicats ! — Maintenant le tonnerre roule au-dessus des voûtes, — maintenant tremblent poutres et murs, — maintenant zigzaguent des éclairs et des vérités jaunes de soufre : — Zarathustra hurle ses malédictions.


II

Cette monnaie avec laquelle — tout le monde paie, — la Gloire, — je mets des gants pour toucher cette monnaie, — mon dégoût piétine dessus.

Qui veut être payé ? — Le vénal… — Celui qui est à vendre, qu’il étende ses mains graisseuses — vers le vulgaire clinquant de la gloire !

Veux-tu les acheter ? — Ils sont tous à vendre. — Mais offre bon prix, — fais sonner ta bourse pleine ! — Sinon, tu affermis, — tu affermis leur vertu