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Page:La Société nouvelle, année 8, tome 2, 1892.djvu/512

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M. Mascarta a présenté à l’Académie des sciences de Paris, dans la séance du IO octobffl’ de la part de M. Charles Henry, une note sur une préparation industrielle et la photométrie du sulfure de zinc phosphorescent, corpa remarquable par son inaltérabilité chimique et qui, pour cette raison, peut servir d’étalon photométrique et être appliqué à divers usages scientifiques et industriels auxquels les autres corps phosphorescents ne sauraient être employés. M. Charles Henry a pu, par des expériences délicates, rapporter à une bougie l’intensité lumineuse maxima de ce corps et est parvenu à représenter mathématiquement la loi de déperdition de sa lumière avec le temps. Cette formule peut servir de principe à des méthodes photométriques entièrement nouvelles.

M. Becquerel a présenté, dans la séance du 14 octobre, de la part de M. Charles Henry. un photomètre-photoptomètre destiné à la mesure des intensités lumineuses très faible ! et fondé sur la loi de déperdition de la lumière du sulfure de zinc phosphorescent. M. Charles Henry est parvenu à mesurer par cet appareil la lumière diffuse des étoiles par une belle soirée d’août ; il trouve que cette lumière produit sur l’écran de son photomètre le même éclat qu’une bougie à environ 41 "mètres. Une courpe permet d’évaluer presque instantanément en fractions de bougie les quantités essentiellement variables de lumière, mais toujours très petites, que l'œil est capable de percevoir au minimum.

La jeune littérature vient de perdre un de ses plus nets protagonistes, Albert Aurier, enlevé à 27 ans. Collaborateur assidu du Mercure de France, poète, romancier, critique d’art, ce jeune écrivain avait pour caractéristique une grande honnêteté de talent ; nul doute qu’à ses brillants débuts, se fussent surajoutées d’autres œuvres d’art. Il était de ceux sur lesquels on comptait pour l’apport des choses neuves ; c’est un intellectuel qui disparaît et des promesses d’œuvre qui s’enfuient.

Signalons l’apparition de la Revue rouge, une nouvelle revue rédigée par des jeunes appartenant presque tous au groupe socialiste et intransigeant de notre mouvement littéraire.

Outre des proses ou poésies de plusieurs de nos collaborateurs z La Misère, d’Émile Verhaeren, Burch Mimi, de Georges Eelthoud, déjà publié dans la Société Nouvelle et, en partie, dans le Mouvement social ; À Van-la Rue, de Camille Lemonnier ; Jours de Gloire, une fougueuse et très évocative pièce de vers de Sander Pierron, nous avons trouvé, lu et goûté de très intéressantes pages sous la signature de nouveaux venus, ainsi des strophes en prose de M. Mathias Robert, d’une écriture précise, d’une émotion concentrée et d’autant plus suggestive ; une Chanson ÙÛÙ, de M. Paul Sainte-Brigitte ; le Rêve d’un écolier socialiste, de M. Jacques Patient ; puis des chroniques artistiques, littéraires, des grappillages, etc.

Bref, un excellent numéro de début.

Et sans parade, sans boniment, sans prospectus, ce qui est une recommandation de plus.

Notre plus cordiale bienvenue à la Revue rouge.