Un mot sur la parenté des plaignants ! Le général de Maurel était par sa femme allié au maréchal Soult ; le chef du jury fut M. Outrebon, notaire du maréchal. Je n’accuse pas la conscience du verdict rendu, mais nul ne m’empêchera de dire, à moi magistrat, qui sais à quel fil ténu et léger tiennent souvent la vérité ou l’erreur judiciaire, que le véritable jury n’existera pour nous que quand nous l’aurons soustrait aux hasards capricieux du sort, pour le livrer à l’élection populaire.
Et puis je n’ai pas le droit de soulever ce voile. De la Roncière avait peut-être un moyen suprême de prouver son innocence à la cour d’assises… S’il est vrai qu’il a voulu se taire… ce fut un héroïque sacrifice. Il a été solennellement réhabilité en 1849.
Plus tard, quand le gouvernement actuel, en retour de ses huit années de souffrances, voulut lui accorder quelques compensations… son procès fut de nouveau étudié sous toutes ses faces. Chaix-d’Est-Ange interrogé avait gardé sa croyance vivace en l’innocence de son client. Berryer même fut sondé, et l’honnête homme répondit : — C’est un regret qui est en train de devenir un remords. Faut-il aller plus loin ? Un ami intime du général de Maurel, un frère d’armes, qui l’a vu mourir, me disait il n’y a pas huit jours (je le nommerai si on l’exige) : Quelque temps avant sa fin, le général avait des hallucinations étranges, le drame de Saumur le tuait…
Je causais la semaine dernière de ce procès, avec un des plus fermes et des plus loyaux champions de la jeune démocratie, M. R*** ; il me donna ainsi son opinion : — J’ai lu attentivement le procès de la Roncière ; pour moi cet homme est innocent, mais ce que je ne saurais trop flétrir, ce sont ses coups d’État à Taïti.
Donc, je dis à mes concitoyens, je dis à toute la presse