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Page:La Vérité sur Tahiti - Affaire de la Roncière.djvu/13

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avait su attirer à lui par ses promesses. Toutes les places de Taïti étaient partagées d’avance. Inutile de dire qu’on devait destituer ceux qui les possédaient, pour les punir de leur dévouement au commissaire impérial tombé.

Tout cela contribuait à me donner peu à peu des soupçons, lorsque deux faits graves, au point de vue de la moralité, vinrent me commander impérieusement d’étudier le pays et les événements qui s’y étaient passés avant mon arrivée.

Voici ces faits : je les avance sous ma responsabilité personnelle.

Un matin, me trouvant dans mon cabinet au tribunal, comme je parcourais le registre affecté à l’inscription des formalités relatives aux tutelles, je m’aperçus que le tuteur des mineurs Gibson n’avait point fait procéder à l’inventaire voulu par la loi. Je fis appeler le greffier en chef et lui en exprimai mon mécontentement. Quelle ne fut pas ma stupeur quand j’appris du greffier lui-même que cet inventaire avait été commencé, puis arrêté par les efforts de Boyer auprès du tuteur, M. Burns, et du conseil de famille, pour empêcher qu’on ne constatât judiciairement, dans les papiers du défunt, une dette importante d’un de ses amis, fonctionnaire de l’ordre administratif, renvoyé de la colonie par M. de la Roncière.

Le second fait est plus grave :

À la troisième audience civile que j’eus à présider, l’huissier de service appela première venante pour être plaidée, une affaire : femme Vahineheau contre Longomazino, contre l’ancien juge impérial destitué par M. de la Roncière.

Depuis près de six mois ce procès passionnait l’opinion publique. Les juges locaux, sachant qu’une magistrature régulière arrivait de France, avaient refusé de le juger.

La veille de cette audience l’ordonnateur Boyer vient chez