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de la production de la connaissance », dit l’Abhidharma sanscrit, interprétation très justifiée (voir ci-dessous, p. 24) (1).

7. Vedanâ, sensation, « feeling ».

1. « L’impression agréable, désagréable, ni désagréable ni agréable, qui se produit en raison du contact », telle est l’ancienne définition. Elle semble écarter l’idée que vedanà soit connaissance ou pensée. Le contact est suMiavedanîya, « à sentir agréablement », la vedanà est « agréable ». — Aussi la scolastique affirme-t-elle que la vedanà est « succédané de la pensée » {caitta), dépendant du vijnàna {Visuddlù, xvii, 1. 1633), et non pas censée (joir Madhyaniakavrtti, 65 ; le vijnàna reconnaît : «ceci est agréable », Majjh., iii, 242)). — Mais on doit cependant faire quelque place à la notion de " représentative feeling » (Mrs Rhys Davids, Fsycliology, p. 6). Contact, sparéa, a d’abord signifié « application du sens (ou de la pensée) à l’objet » ; résultat du contact, la vedanà sera « expérience » (anuhhava, "bhûti, Abhidharmakoéa, i, 14, Nettipaliararia, p. 28) tant de l’objet que de ses caractéristiques agréables ou désagréables.

2. Certains auteurs (Srîlàbha) diront qu’il faut distinguer trois « moments » dans le processus de la vedanà : 1. le sens et l’objet (en contact), 2. production de la connaissance, 3. production de la vedanà : il n’y a pas vedanà aux moments 1 et 2 ; il n’y a plus contact au moment 3 (comparer Atthasàlim, § 286).

D’autres affirment que sparéa (connaissance engendrée par le contact) et vedanà sont contemporains, étant produits par un même complexe de causes (sàmagrî) ; et cette opinion a bien des chances d’être canonique, d’après Majjh., iii, 242 : la vedanà est au sparéa ce que la chaleur est au frottement des deux morceaux de bois.

3. En tout cas n’y a-t-il pas de doute sur la canonicité de l’opinion qui lie intimement à la vedanà plusieurs données morales ou intellectuelles : « Ayant vu l’objet visible par l’œil (c’est-à-dire

(1) « Le sparśa est autre chose que le concours » (sammpdéâd anyah sparsah) ; thèse opposée : « le sparśa n’est que le concours » (samnipâta-màtrasparéavàda), voir Ahhidharmakoéa, iii, 30, Atthasâlinî, 109.