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quand l’esprit passe d’une existence à une autre, c’est la soif qui lui sert d’upâdàna, car, si on renaît, c’est en vertu de la soif.

[À s’exprimer avec rigueur, ce qui produit la renaissance, c’est l’acte ; il faut noter en effet que la soif ne produit pas nécessairement Vupâdàna (Sam., iv, p. 87)].

Mais si upâdàna signifie « support », il s’ensuit que les cinq shandhas sont VupUdàna même. Les textes scolastiques le disent en termes propres : upâdànam pancaskandhalaJcsanam .... pahcopàdanashandhàhhyam upâdànam {Madhyamalcavrtti, xxvii, 6). Le manusya-upâdàna, c’est l’ensemble des éléments et caractéristiques qui constituent l’homme par opposition au dieu {devaupâdàna, ibid. xvi, 3). — Cette définition, devinée par M. Senart {Mélanges Harlez, p. 282), est peut-être arbitraire si on considère upâdâna comme membre de la chaîne duodénaire (car on verra qu’elle convient à hhava, qui résulte à’upâdâna) ; fort exacte d’ailleurs, car les cinq shandhas sont le combustible et la substance même des êtres, des existences {âtmahhâva) ; voir Majjh., i, 299. — Le canon remplace souvent skandha par upâdànaskandha, et on pourrait longtemps épiloguer sur la valeur de cette expression (1).

5. Très proche de la notion de support est celle d’aliment. Plusieurs textes, — et c’est un des nombreux mérites de M. Oltramare de l’avoir remarqué^ — remplacent ou peu s’en faut upâdâna par àMra, aliment (il/ny/V*., i, 47, 261 ; cf. Warreu, 242). Upâdâna peut donc s’entendre : alimentation du corps et âme {nâmanipa) par la nourriture matérielle, par les représentations sensibles,

(1) Le dernier travail sur la question est l’article de Mrs Rhys Davids dans Buddhist Review, april 1910. — La scolastique (dès le Samyutta) explique que les shandhas sont nommés updddnashandhas en tant qu’ils sont « accompagnés b de passion isdsrava) et causes (ou objets) d’attachement {upâddulya). Tout l’élément " matière n {râpa) est updddnaskandha, mais les vedand... vijnàna se produisent chez l’Arhat sans rapport avec updddna (Sam., iii, p. Visuddhï, xiv apud Warren, p. 155. — Quelquefois on exclut râpa, éuhlaoidarsand, fol. 5 b.) — Et on ne peut pas dire que les shandhas, en tant qvC updddnashandhas soient Vupddana (neuvième membre de la série duodénaire) ou qu’ils en soient indépendants, car Vupddd/na, c’est, à l’égard de ces shandhas, désir et attachement (chandaraga, Sam., iii, p. 100. Voir Majjh., i, 190).