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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

en Arhats et des Jaṭilas en bhikkhus[1]. On a des « paroles sacrées » (subhāṣitas, ityuktakas), des histoires authentiques (itivṛttakas) ; on va bientôt les classer dans des nikāyas (āgamas), et la question des livres sera capitale : « Quelqu’un est Mahāyāniste, dit I-tsing, quand il lit les Mahāyānasūtras ». — On dut sentir le besoin de dresser le canon des Sūtras approuvés, pour distinguer la vraie parole du Bouddha (?) parmi les apocryphes qui foisonnèrent : car ce fut un jeu de verser dans la forme classique n’importe quelle idée disciplinaire, légendaire où dogmatique. Il est encore plus facile de faire un bon Sūtra qu’une mauvaise Upaniṣad. Et on doit relever ce détail que l’interrogatoire d’Ānanda porte seulement sur le lieu et l’interlocuteur du Sūtra, et qu’il ne comporte pas, comme l’interrogatoire d’Upāli sur le Vinaya, des détails précis sur le contenu de l’ouvrage.

On est ainsi amené à adopter une manière de voir beaucoup plus conservatrice que celle que Minayeff paraît avoir patronnée, et cela par le fait même qu’on distingue avec lui dans le Culla des éléments authentiques ou presque authentiques, ceux qui représentent le Saṁgha constitué en « tribunal », éléments certainement antérieurs aux données qui donnent au concile « l’aspect d’un conclave réunit dans un but théologique et littéraire » ; — celles-ci n’étant pas néanmoins exemptes de toute valeur, au moins symbolique, et n’ayant pas nécessairement été

  1. Le M. Vagga VI. 31 est remarquable par le mépris que le Bouddha affecte pour les questions de doctrine. Ce mépris va jusqu’à l’impertinence. « Enseignez-vous, lui demande-t-on, l’annihilation (uccheda), c.-à-d. la doctrine de la non-survivance ? » — « J’enseigne, répond le Maître, l’annihilation du désir… » — Même mépris pour la spéculation, M. P. S., apud Kern, I. 225-226.