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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

de Vaiçālī », cette assertion hypothétique ne peut néanmoins servir de preuve à l’ancienneté du Vinaya, car, « dans le texte actuel, il y a une foule de concessions et de prescriptions justifiant parfaitement en principe tous les penchants coupables de la confrérie de Vaiçālī. Il n’est pas un tribunal sévère, ayant entre les mains le texte actuel du Vinaya, qui entreprit de prouver la culpabilité de beaucoup des nouveautés de Vaiçālī, ou se résolut à les repousser comme des pratiques inconciliables avec l’esprit du Vinaya ».

En d’autres termes, ou bien les nouveautés de Vaiçālī sont condamnées, du moins pour le grand nombre, par le texte actuel du Vinaya, ou elles ne le sont pas. Si elles le sont, l’argument de M. Oldenberg tombe ; car on pourra soutenir que les dispositions du Vinaya qui les condamnent ont été rédigées après Vaiçālī. Minayeff démontrera donc qu’elles sont condamnées. Exemple : La règle qui défend toute provision (Pāc. xxxviii) défend la provision de sel (première nouveauté de Vaiçālī), et « si la règle du Prātimokṣa ne dit rien du sel, s’ensuit-il de là que le Prātimokṣa existât déjà avant l’apparition des nouveautés de Vaiçālī et que ce soit pour cela que ses règles ne parlent pas du sel ?[1] »

  1. Minayeff a-t-il le droit de tenir pour « risquée » la thèse suivant laquelle l’absence, dans le Vinaya, des formules qui résument les nouveautés, la non-mention de ces « cris de guerre » (sauf jātarūpa), ou, pour parler plus exactement, l’ignorance complète où seraient les rédacteurs du Vinaya des objets de cette discussion, démontre péremptoirement l’antériorité du Vinaya par rapport aux nouveautés de Vaiçālī ?

    En principe, l’argument a silentio n’est démonstratif que si l’on connaît, dans le détail, le contexte des événements, la psychologie des écrivains, l’histoire des livres.