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Ne faites pas de l’homme un être à part, étranger à tout ce qui l’entoure, ne pensant, n’agissant, ne vivant que pour lui.

L’homme ést un être moral et religieux.

Formez donc son cœur pour la sagesse ; réglez ses mouvements par de fortes et solides croyances, et vous ne craindrez plus que la science devienne entre ses mains un instrument de crimes, un moyen de destruction. C’est ainsi que dans l’antiquité même les sages entendaient l’éducation ; et c’est à cette éducation largement conçue qu’ils ont dû de devenir nos maîtres et nos modèles.

Le vice radical de ces éducations tronquées de notre âge, c’est de n’avoir envisagé qu’une partie de l’homme et d’avoir méconnu l’ensemble.

L’homme n’est pas destiné à être un athlète qui n’ait d’autre mérite que la souplesse et l’agilité des muscles, la vigueur des membres et la force physique. Ces théories vous conduiront à faire de l’homme un animal furieux et indomptable.

L’homme n’est pas seulement une intelligence avide de savoir : la science, qui, réglée par un cœur sage et une volonté droite, sera pour l’homme de bien une lumière bienfaisante, sera pour un cœur méchant et une volonté perverse, une torche funeste qui allumera peut-être un affreux incendie !

L’homme n’est pas seulement un cœur immense dans ses désirs, une volonté puissante dans ses affections. Si ce cœur n’est éclairé par la vertu, si cette volonté est aveugle dans ses mouvements, les désirs de l’homme seront des crimes, ses affections seront des vices !

Faites donc marcher d’un pas égal le développement de l’esprit et celui du cœur. Alors peut-être n’aurons-nous plus à gémir de ces crimes dont la société s’alarme, de ces aberrations dont le sage s’afflige, et qu’il faut sans doute attribuer à l’abus de science et au développement mal ordonné de l’esprit.

Ainsi nous sommes pour ce mouvement sage, avoué par la raison dirigée par la prudence ; nous sentons les besoins nou-