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senter à notre réunion. Le divin Metastase nous a envoyé un opéra et nous y travaillerons en commun. À ce soir, car je vois notre sergent donner le signal, adieu ! La cour fut de nouveau vide, à l’exception du surveillant qui vint à Giovanni.

— Vous êtes aujourd’hui au Conservatoire ?

— Oui, signor.

— Et d’où êtes-vous ?

— De Cassoria, en Calabre.

— Vous savez quelque chose en composition ? Avez-vous étudié Zarlin, et Gafforio et Carissimi ?

— Frère Ambroise, prieur des Franciscains, m’a bien cité ces noms, mais nous n’avions pas leurs œuvres.

— Alors, vous ne savez rien.

— Je ne pourrais vous dire.

— Venez avec moi.

Giovanni suivit le signor Pistochi dans une des salles d’étude où il y avait un clavecin.

— Voici un instrument, et traitez-moi ce sujet en contrepoint simple à deux parties. Le thème donné était l’Ave Maris Stella.

Giovanni se mit en tremblant à l’exécution et ses doigts hésitaient. Pistochi n’avait rien, il est vrai, de rassurant ; d’une taille outre nature, un nez demesuré venait se joindre à ses lèvres, et je ne sais si c’était l’abstinence qui maigrissait le vieux répétiteur, mais tout son corps ressemblait à une grande canne à sucre. Cependant, se rassurant, le Calabrais joua avec expression le chant choral, et se laissant aller à son imagination, il oublia l’ordre du musicien scholastique