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fortunes le réclament : il travaille à consoler d’autres chagrins ; il sait qu’il est des âmes tristes et maladives, de pauvres âmes, qui ont besoin de toutes les mansuétudes de l’évangile ; qui, détachées de la terre, rêvent cet amour idéal qui n’est qu’au ciel. Eh bien ! Gerson ira chercher au ciel tous les parfums de l’amour divin ; il les répandra à profusion dans ce beau livre que nous ayons tous : l’Imitation de Jésus-Christ.

Voilà l’homme dont nous voudrions, pouvoir dire la vie ; voilà le génie dont nous donnons ces deux élégies ; mais comme Gerson a écrit généralement en latin, c’est à l’obligeance de M. Delaunay, professeur de littérature française ; qui dans plusieurs séances consacrées à l’examen des œuvres du chancelier, a retracé avec tant de talent l’époque et l’homme le plus illustre de cette époque ; que nous sommes redevables des traductions suivantes :

GERSON.
SON APOLOGIE.
(Traduction d’une pièce de vers qu’il composa quelques jours avant sa mort.)

L’envie n’a jeté sur mes vers qu’un regard de mépris. Ni éclat ni parure, dit-elle ; le coloris lui manque ; sa voix est rauque et ne résonne guère. — Si une courtisane perverse fait plus de cas d’une riche toilette que d’un bien réel et solide, faut : il s’en étonner ? Tout ce qui lui plait est de tromper et d’attirer dans ses pièges. Elle farde son teint de couleurs mensongères, peigne sa chevelure, aime les airs langoureux, les agaceries caressantes ou effrontées… Et quand elle triomphe, elle tue. Mais la matrone grave, pudique et chaste, qui tient