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son frère capitaine ; l’Arrivée du Régiment sera le beau dans l’art : et la vérité dans l’expression. Si nous voulions continuer l’analyse des romances remarquables de l’auteur. de la Folle, nous aurions les mêmes éloges à donner à la charmante barcarolle : Adieu, beau rivage de France ! à la naïve et douloureuse histoire des pauvres enfants séduits par les lueurs qui voltigent sur les abîmes, une lumière dans le lointain, et puis, en dernier lieu, Au nom du père, que l’on a égalé à la Folle. Mais nous apprécierons rapidement : nous considérons les généralités et les influences.

La romance, en élargissant et en dramatisant sa forme, acquit à juste titre une place honorable, comme œuvre de genre, et des artistes haut placés travaillèrent sérieusement à l’ennoblir de plus en plus. Labarre, dans la Négresse, rendit les douleurs de l’esclavage dans tout ce qu’elles ont de déchirant et horrible, et sa belle inspiration, le Roi de la montagne, fait comprendre le langage passionné d’une nature rude et sauvage que l’amour a adoucie par ses pleurs. Chéret et Clapisson en suivant la nouvelle école et en livrant au public, le premier, La Mère du Chasseur, l’autre, Voilà le fou ! ont prouvé qu’ils étaient dignes de leur belle réputation. Clapisson surtout, par ses duos de genres, a droit à de nouveaux éloges : d’une facture neuve et pleine d’originalité, ses compositions à deux voix sont bien supérieures à ce qui a été fait précédémment.

Se jouant de la règle, se laissant aller aux débordements de l’imagination, voilà les reproches adressés à Monpou. Nous ne partageons pas cette opinion ; nous voyons dans le talent de cet auteur une exception à l’habitude, une nouveauté qui a son charme et qui accuse la richesse des ressources de la musique,

Monpou, s’inspirant des Sorciers d’Hugo, empruntant à ce grand poète ses fantasques ballades, devait les revêtir d’une mélodie étrange comme leurs habitudes ; c’était le monde des ténèbres, c’était la voix grêle et mutine des lutins qu’il fallait