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Vieillard ! es-tu l’enfant de ces hommes sublimes
Qui du Carmel pour tombe avaient choisi les cimes,
Et de là, dans l’éclair, remontaient vers leur Dieu ?
Vieillard ! viens-tu comme eux, dans ta large agonie,
Jeter aux nations le cri de ton génie,
          Ainsi qu’un immortel adieu ?…

Dans l’amour et l’espoir, au fond des solitudes,
S’abreuvant aux flots purs de célestes études,
Ta croyance a coulé loin du siècle grondant ;
Jusqu’à l’heure où les cieux oubliés du vieux ronde,
Abaissant leurs regards sur ta tête profonde,
          L’ont ceinte d’un éclair ardent !

Le monde enseveli dans sa morne tristesse,
Comptait les jours sacrés que chanta sa jeunesse !
Le monde pour son Dieu prenait l’iniquité.
Prophète ! il attendait, couvert de sa nuit sombre,
Que ton geste sauveur lui désignät dans l’ombre
          L’étoile de la liberté !