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les instances de Tarente, et les prières de son ami le duc, il était sortit. Ses serviteurs furent étonnés, et Luggi son intendant, avec la curiosité qu’autorisent d’anciens services, lui demanda pourquoi il était si tôt de retour.

— Tu sais que d’ordinaire j’aime peu les fêtes du monde et celle-ci entre autres n’avait pour moi aucun charme.

Un homme est venu, il désirait vous parler, dit l’intendant, j’ai remarqué une grande agitation dans ses traits,

— Lui as-tu dit de revenir ?

— Voici une lettre qu’il m’a prié de vous remettre. Le prince rentra dans son appartement et lut ce qui suit :

« J’ai reçu de l’or pour vos jours, un instant poussé par la haine qui m’anime, je me suis arrêté à l’idée d’être votre meurtrier, mais sachant votre bravoure, et que, quoique grand seigneur, vous êtes capable de rendre raison d’une insulte, je vous attendrai à minuit, derrière Barthéomélo. »

Si mes collègues recevaient un pareil défi, ils enverraient le bourreau à leur place. Je cherche en vain la cause de cette provocation. C’est peut-être un piège sous les apparences de la loyauté. N’importe, j’irai à ce rendez-vous. Je m’y rendrai seul, sous la garde de Dieu et de ma conscience.

Derrière le théâtre de Saint-Berthéomelo, et appuyée contre le mur, une personne écoutait si le silence profond qui régnait n’était point troublé ; elle compta avec inquiétude les douze coups de marteau qui s’enfuyaient trop lentement à son gré ; ensuite, quand elle eut entendu les derniers murmures de l’heure, elle dit avec l’accent de la colère :