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de venir quelquefois lui rendre visite, permission qui lui fut accordée sans difficulté.

On conçoit sans peine qu’Arthur en usa largement. Aussitôt qu’il pouvait se dérober à ses occupations, il venait à Kerlaven. Marie faisait négliger le dolmen, qui ne recevait plus que de rares visites.

De son côté la jeune fille écoutait, avec un plaisir qu’elle n’essayait pas de dissimuler, les aveux d’Arthur. Il était si bon, il était si franc, il ne pouvait vouloir la tromper : et puis elle n’était qu’une paysanne, il est vrai ; mais son père était un des plus riches colons du canton, et Marie était sa seule héritière. D’un autre côté, elle avait passé trois années au couvent de Guingamp, et, tout bien calculé, elle en concluait naturellement qu’elle pouvait sans trop d’orgueil aspirer à devenir la femme d’Arthur.

Pour une jeune fille de seize ans, ce n’était pas trop mal raisonner ; mais qui compte sans son hôte ; dit un vieux proverbe, compte deux fois.

Ian Rosaker ne tarda pas à s’apercevoir des soins assidus qu’Arthur rendait à sa fille, et de l’attention que celle-ci lui accordait. Un jour il prit Arthur à part.

M. Lery, hui dit-il, vous ne voudriez pas flétrir la vieillesse d’un homme qui, sans vous connaitre, vous accueillit comme un ami…

— Monsieur…

— Eh bien ! ne revenez plus à Kerlaven.

— Vous me permettrez du moins, M. Rosaker, de vous