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LE RÊVE DE MYSÈS

âme, projetée pour ainsi dire hors de lui, corps impondérable, forme astrale ; il lui semblait que la puissance de son fluide vital ainsi libéré, attirait Ahmosis, la morte adorable, et qu’elle se fondait exquisement en lui. Il sentait l’être de la très aimée s’enfoncer en son être comme dans un abîme d’amour. Sa voix lui parlait ineffablement dans le grand silence, et Mahdoura, même, avait disparu.

Il était bien seul avec la divine qui vibrait dans ses fibres les plus secrètes, l’affolait jusqu’au vertige.

Pourtant, la reine avait bougé dans son sarcophage, sa poitrine, rythmiquement, se soulevait, son teint prenait une lueur plus chaude.

Mysès tendit les bras :

— Ô ma souveraine !… mon lotus divin ! ma gerbe de lumière ! renais pour mon amour !… Tu t’animes, déjà, et je sens ton esprit tressaillir comme un bel oiseau de feu !… Tu revivras de toute la plénitude de la vie pour te donner à l’humble prêtre qui t’implore !…

Mais la momie, de nouveau, avait repris sa rigide immobilité.

Alors, Mysès fixa ardemment sa pensée sur le but qu’il poursuivait, il évoqua l’âme palpitante d’Ahmosis, la supplia de ne point l’abandonner au seuil de la béatitude. N’avait-il donc