Avec un profond soupir, Mysès se réveilla, tout angoissé par l’affreux cauchemar.
Un grand rayon baignait sa chambre, et Mahdoura, comme la veille, reposait auprès de lui. Mais, elle avait les narines pincées, les globes des yeux comme reculés au fond des orbites, sa chair était froide et son corps rigide.
Mysès pensait dormir encore et poursuivre, inconscient, son rêve morbide.
Il palpa la jeune fille avec une sorte de curiosité incrédule… Certes, il rêvait toujours, et la réalité, bientôt, allait surgir des brumes angoissantes, avec sa monotonie paisible, son espoir vague et cependant consolant : Mahdoura, l’amante jalouse, allait ouvrir ses paupières sombres et lui tendre le fruit vermeil de ses Lèvres… Il allait, de nouveau, connaître la saveur brûlante de son baiser.
— Mahdoura !… murmura-t-il, très bas, ne poursuis pas ce jeu cruel !… Vite, souris-moi, parle-moi, dis-moi que je continue mon rêve étrange ?…
Plusieurs fois, il répéta le nom de la jeune fille, voulant douter, quand même, et, peut-être, prolonger son erreur, dans l’épouvante d’un événement si singulier.
Il se mordit la main et éprouva une douleur