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LE RÊVE DE MYSÈS

bandelettes, il était aisé de le faire disparaître, et des corps d’esclaves occupaient, parfois, des sarcophages princiers.

Nul n’était autorisé à défaire les visages d’or ou d’ivoire qui recouvraient les traits véritables, ni à dérouler les bandelettes des bras et des jambes, aussi, arrivait il, parfois, qu’un grand dignitaire emmaillotté de toile grossière, cousue à larges points, vint, après un séjour plus ou moins prolongé dans le « natron », prendre sa place anonyme dans les caveaux publics.

Les jeunes mortes, violées par les embaumeurs, étaient livrées aux crocodiles sacrés.

Mysès avait donc emporté le cadavre de la reine en lui substituant la dépouille d’une courtisane, également d’une grande beauté.

Ahmosis, couverte d’un voile épais, reposait près du prêtre qui, agenouillé respectueusement, n’osait encore porter sur elle une main profanatrice.

— Ô souveraine adorable ! disait-il, toi qui fis la joie et l’orgueil de l’Égypte ! déesse au sourire vainqueur, aux longs yeux d’onyx et de nacre !… Sœur de l’ibis, du sphinx, du lotus d’or et de la rose vermeille ! pardonne au plus humble de tes serviteurs !

« Je voudrais te donner ma vie, te conquérir la gloire et l’éclat de l’astre créateur qui ré-