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LE RÊVE DE MYSÈS

Nil qui m’apporte l’odeur des jasmins et des roses ?… Est-ce le silence de cette demeure où sèche la corolle enchantée des verveines avec les herbes magiques qui donnent le sommeil ?… Je ne sais ; mais je me sens mourir délicieusement !

Sur le corps glacé de la reine, il promenait ses mains fiévreuses, poursuivant son rêve insensé.

« Ah ! disait-il, encore, tu ne peux être morte !… Il me semble te voir, toute vibrante d’amour, sur les coussins de ta couche nuptiale !… Aucun voile ne cache ta beauté ; tu es semblable à un lotus d’or et rien, au monde ne saurait rendre le charme de ton sourire !… Ahmosis ! parle-moi ?… Je t’aime ! Je t’adore !… Je voudrais, sur mes lèvres, sentir la caresse de ta bouche pour me fondre délicieusement dans ton baiser !

Autour de l’amant mystique tout était recueillement et poésie. Sa demeure située, presque hors de Thèbes, à la limite des faubourgs, était perdue dans un nid de verdure. Des palmiers étendaient sur les murs leur éventail de feuilles ; des acacias, des mimosas, des figuiers de Pharaons formaient des bosquets ombreux propices aux longues méditations, aux ferventes prières.

Au loin se dessinaient la pointe des obé-