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LE RÊVE DE MYSÈS

terné devant le sarcophage de la reine, et ses lèvres balbutiaient des mots d’adoration.

« Peut-on entrer ? demanda la jeune fille timidement, en frappant à la porte. Elle venait apporter des plantes fatidiques, fraîchement cueillies sur les bords du fleuve.

— Entre, dit Mysès, en se relevant.

La jolie fille, aux mouvements onduleux et lascifs, jeta sur le seuil une botte de feuillages odorants.

— Voici pour tes embaumements, dit-elle. Mais quelle étrange idée de vivre ainsi parmi les morts, lorsque l’on a ton visage et ta science voluptueuse !…

— Les morts désapprennent le mensonge. On peut les parer de toutes les vertus qu’ils ignorèrent pendant leur existence, sans crainte d’être jamais déçu. Quand on a beaucoup fréquenté les vivants, on préfère les défunts.

— Il y a pourtant quelques bons moments sur terre, fit la petite, en riant. Tes momies ne te donneront pas le baiser de deux jeunes lèvres en fleurs ?… Ce n’est point auprès d’elles que tu connaîtras le plaisir d’amour ?…

Mysès haussa les épaules.

— Les jours d’ivresse ont de tristes lendemains.

— Pourquoi ?… Parce que tu te crées des