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LE RÊVE DE MYSÈS

— J’ai trop tardé, déjà ; laisse-moi accomplir mon devoir, Mahdoura !

— Pars donc, si c’est ta volonté, mon beau Mysès !

Elle marchait à côté de lui, le long de l’allée fleurie du petit jardin, semblant une corolle d’élection, une grande fleur épanouie et vibrante. Au dehors, l’on apercevait les escarpements de la chaîne lybique, malgré la nuit qui tombait de plus en plus.

Des bouviers passaient, poussant avec un cri guttural, les admirables bêtes aux cornes évasées comme le croissant d’Isis.

— Ah ! dit Mahdoura, lorsque j’étais petite, je conduisais les troupeaux dans les plaines baignées de soleil, et leurs pas pesants soulevaient de longues vagues d’or qui retombaient derrière eux… Puis, le soir venu, je me roulais dans l’herbe… avec les génisses préférées. C’est ainsi que j’ai appris à aimer les choses de la nature…

Les grands bœufs levaient vers les jeunes gens leurs mufles humides et les contemplaient de leurs yeux pensifs.

— Ils sont destinés aux prochains sacrifices, dit Mysès, tristement ; on les conduit vers le temple d’Ammon-Râ pour l’égorgement.

Des grammates marquaient, sur des tablettes,