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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/132

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LES ANDROGYNES

dent singulier vint bouleverser la salle.

Ninoche, bousculant les ouvreuses, entra dans la loge, et, avant qu’on ait pu l’en empêcher, se jeta sur le « Maître » et lui enfonça son chapeau jusqu’au menton ; puis tapant sur le huit-reflets ainsi que sur un tambour de basque :

— Voilà pour l’article… Et recommence, si tu veux !

Ce fut une fusée de rires, un feu d’artifice de quolibets, de sifflets, d’applaudissements, de trépignements frénétiques.

Jacques, muet d’abord de surprise et de saisissement, s’était dressé, tâchant de dégager son visage. Il y parvint, après des efforts bizarres qui mirent le comble à la joie du public. Ses lèvres tremblaient, ses yeux s’embuaient de terreur. Les fervents avaient déserté la loge, redoutant le ridicule, et André retenait à grand’peine le rire qui hoquetait sur ses lèvres.

— Cette fille ! cette fille !… murmura Chozelle, qui put enfin parler.

Puis il prit la main du jeune homme :

— Vous êtes un ami, André ?… Je puis compter sur vous, n’est-ce pas ?…