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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/190

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LES ANDROGYNES

s’approchait de ce bois monumental, aux troncs résineux, aux parasols entre-croisés de branches violettes, à la chaude fourrure de mousse et de cendre grise, elle se sentait emplie d’un bien-être inexprimable.

Ainsi, ses premières années s’étaient écoulées au milieu des sourires de la nature, puis elle avait perdu ses parents, et une tante l’avait recueillie, l’avait mise à l’école dans un faubourg de Paris. Elle avait fait de rapides progrès, étant très intelligente, et, petit à petit, par la fréquentation de ses compagnes perverses, le mal était entré en elle et avait flétri les roses de son cœur. Meurtrie, avant d’avoir vécu, perdue, avant d’avoir aimé, elle était bien la fleur hâtive, morbidement épanouie, des civilisations extrêmes.

André seul aurait pu la sauver des autres et d’elle-même, mais André n’avait pas voulu ou n’avait pas compris, et elle allait retomber au ruisseau du vice, regrettant d’y avoir entrevu pendant une minute brève le reflet des étoiles.

Seule, dans l’appartement, Fiamette re-