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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/192

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LES ANDROGYNES

son, il faut mettre de tout dans l’amour, excepté du sentiment !

Mais elle était trop meurtrie pour songer à se distraire, à s’évader de sa peine. Le mystérieux travail de renouvellement qui, petit à petit, efface nos désespoirs, comme le derme remplace le derme, cicatrisant les plaies les plus vives, n’avait point encore commencé en elle.

Endolorie et nostalgique, elle resta huit jours dans son petit appartement, respirant les fleurs qu’elle lui avait données, rangeant ses plumes, son encrier, ses livres et ses flacons, communiant d’âme avec son cher souvenir, à tous les passages qu’il avait notés. Des bouts de papier traînaient partout, couverts de l’écriture inquiète et nerveuse du poète ; elle les rassembla, les mit sous son oreiller et reposa huit jours sur ces reliques d’amour.

Huit jours elle n’eut pas d’autre pensée, pas d’autre espoir, pas d’autre désir que sa caresse lointaine, et elle mordit ses draps dans des crises de jalousie et de passion.

Enfin, le neuvième jour, comme elle se