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LES ANDROGYNES

Beaucoup de jolies filles sans emploi avaient, pendant l’Exposition, suppléé à l’insuffisance des danseuses exotiques. Mieux que celles-ci, elles savaient crisper leur chair en de voluptueux frissons, s’offrir, se refuser et se pâmer, tour à tour, dans cette véhémente et précise mimique en honneur aux pays du soleil, qu’on autorise imprudemment sur nos scènes parisiennes.

Nora, souple, ardente, nerveuse, avait agrémenté la danse lascive et monotone de fantaisies montmartroises, plus perversement pimentées que l’habituel simulacre d’amour, et, à coup sûr, d’un effet imprévu. Son succès faillit dépasser celui de Sada-Yacco, la mignonne poupée aux yeux bridés, à la voix roucoulante de tourterelle nippone. Tout Paris voulut applaudir la bacchante frénétique aux yeux de braise et boire sur ses lèvres le vin de volupté. Elle y avait gagné une fortune et une phtisie pulmonaire qui lentement la minait.

Une griserie soudaine éclata dans l’atelier de Pascal. Toute la salle frémit d’une houle de corps balancés, tandis que les