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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/224

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LES ANDROGYNES

boivent du Rœderer et du Mumm éthérisés en se chuchotant de timides confidences, comme dans une chapelle.

À minuit, la fête commence et le programme ne varie guère. Comme chez Defeuille et ses amis, les interprètes de ces comédies… de salon, s’affublent de robes féminines, mettent des perruques abondamment bouclées, aux reflets d’or ou de flamme, se frottent de céruse, d’huiles et de baumes aux effluences subtiles pour se donner l’illusion de ce que précisément ils méprisent ! De très jeunes gens ressemblent vraiment à des femmes, et ce sont les plus entourés, les plus choyés, ceux qui ont presque le droit de s’enorgueillir de leur taille frêle et de leurs grand yeux cernés.

André, plein de résignation, laçait le corset du Maître, attachait ses jarretelles de satin mauve et fixait des coussinets de verveine à tous les creux inutiles de son armature féminine.

Jacques allongeait les bras, prenait des attitudes, se souriait dans un grand miroir à trois faces où il se voyait généreusement.

— Suis-je à mon avantage, ce soir ? deman-