Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
LES ANDROGYNES

de chaudes bouffées aromatiques qui exaspéraient ses désirs, et il se sentait procréé pour l’avènement de l’androgyne intermédiaire de la femme et de l’homme — le triomphe définitif du principe de la vie. — Il pensait avoir les deux sexes, et se réjouissait à l’idée de s’engendrer lui-même dans la gloire de sa toute-puissance.

Pourtant, des bras se tendaient vers lui, suppliants ; s’il dédaignait les caresses, il ne les repoussait pas, généreux dans son triomphe, et ses regards hallucinés se perdaient dans un tumulte de soies chatoyantes et de pierreries où rosissaient des coins de chair.

Jacques se penchait sur lui, enlaçait ses épaules, de plus en plus étroitement, tandis qu’un esclave les éventait d’un large flabellum.

Et c’était une douceur que le disciple n’eût point osé soupçonner. Sa pensée flottait au hasard ; il n’imaginait plus d’autres délices.

— Mon enfant d’élection, disait Jacques, combien je suis frémissant à te sentir là, sans révolte en mon pouvoir. Tu as enfin