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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/244

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LES ANDROGYNES

— Tu sais donc aimer ? Comment t’y prends-tu ?…

— Je berce les chagrins sur mon cœur comme je berçais mes poupées, il n’y a pas longtemps.

— Alors, tu as un cœur ?…

— Il paraît, et je souffre quand on est méchant pour moi.

— Depuis combien de temps fais-tu ce métier ?…

— Depuis deux ans, mais il ne faut pas le dire, parce que je n’ai pas l’âge…

— Alors, il est dangereux de te suivre ?…

— Oh ! toi, tu ne risques rien. C’est le grand Charles qui…

— Charles ?…

La petite se rengorgea.

— Oui, mon amant… Celui qui me fait travailler…

Tristement, André contemplait cette églantine du pavé, non flétrie encore, mais apâlie par les fatigues d’amour, les étreintes perverses.

— Et ce grand Charles… Tu l’aimes aussi ?…

Elle frissonna et répondit tout bas.